Contemplation (PV Demi Ange)

La pluie tombe dru sur les passages couverts de Paris. Les nuages, tous plus noirs les uns que les autres, formeraient un magnifique tableau. Bien glauque et lugubre. On pourrait placer Cem au milieu et tout serait parfaitement horrible, effrayant, tétanisant. Le plus beau tableau de ma courte vie. L'idée me bote, j'avoue.
En pleine contemplation de ces nuages, j'évite les gens qui filent pour rentrer au plus vite chez eux. Moi, j'ai envie de traîner, d'errer, de fuir et de ne jamais revenir. C'est bizarre non ? Mais vu que je sais qu'Elle est par ici, je reste, préparant ma vengeance. Perdue dans mes rêves, je sors une clope de mon sac, la porte à mes lèvres et l'allume. Ah, une bonne cigarette après toute une journée d'abstinence, à regarder des modèles, les dessiner, les représenter sur toiles. Eh oui ! les cours à l'école d'art ont recommencé ! Bonne nouvelle, les profs ont changé, les modèles aussi. J'en ai repéré un pas mal du tout, artistiquement parlant. Bon, après s'il me demande mon numéro, honnêtement chuis pas contre. Mais enfin... je m'en fous si rien ne se passe...

Trêve de rêves, je regarde ma montre. 6 h 30. J'ai encore un peu de temps devant moi. Alors je me pose sur un banc et observe. Je regarde ces gens qui courrent, qui marchent, stressés de la vie, s'attendant à tout et n'importe quoi, ayant peur d'un oui et d'un non : de rater le bus, d'avoir laissé cramer le dîner. Completement débile. J'ai pas envie de devenir comme eux. Pas envie du tout de me fondre dans la masse.
Les gens sont marrant, tous à courir. Je les observe, imagine leur vie. Tiens, ce type avec un étui à violon, c'est le parrain d'une mafia locale. Et cette femme qui marche avec un bébé dans une poussette, c'est un espion et le bébé, en fait d'être humain, un robot truffé de caméra.
COmme ça, on peut s'amuser un bon moment, je ne nie pas.