Découverte fortuite (Thomas)

[Bingo, quand tu dis que l'un des types est couché par terre et ne respire plus … il est encore en vie : les vampires ne respirent pas, tout simplement. Donc les deux vampires sont vivants.]

Je n'ai pas répondu à la question de Thomas, car cela me semblait bien évident. J'allais me contenter de l'interroger, voilà tout. Pas de quoi s'inquiéter. Et puis après tout, si elle fait des misères, je n'aurais aucun scrupule à la malmener : après tout ce n'est qu'une hybride. Parlant de faire des misères, je serre les dents quand ce crachat répugnant m'atteint en plein visage. Je ferme les yeux, tente de recouvrer mon calme. Ce qu'elle vient de faire me semble un geste de suicide : cette femme désire la mort, et elle l'obtiendra si elle continue sur cette voie. Je fais signe à l'un de mes subordonnés de s'approcher, et de me prêter sa manche pour m'essuyer le visage. Je refuse de le faire moi-même, et je serre les lèvres pour ne pas goûter ce sang impur qui est mélangée à cette salive tout aussi dégoûtante. Owen s'approche, m'essuie le visage avec une délicatesse toute adorable. Quand j'ouvre les yeux, je lis l'inquiétude sur son visage. Il me connaît : il doit me savoir très en colère. Mais je souris, découvre les dents. Cette jeune femme ne perd rien pour attendre. Elle aura droit à toute la beauté grave de ma colère.

-Eh bien vos attentions me touchent, Nataëlle. J'ignorais que j'occupais une place aussi importante dans votre cœur.

Soulignant ces mots, je me concentre un moment pour envoyer à cette femme l'illusion très réelle qu'elle n'est pas seule dans sa tête. Mais à vrai dire, c'est la vérité, car je suis effectivement en train d'occuper ses pensées, de les lui extirper. Je n'ai pas l'intention de me faire tirer dessus deux fois, pour négligence. Cette fois je la surveille, et je veille à ce qu'elle ne fasse de mal à personne dans cette pièce. Puis, je me décide à user de ce pouvoir que j'aime tant, que j'ai pratiqué des nuits durant en compagnie de Yaku, plusieurs années auparavant. Mes illusions parfaites aux plans de l'odeur, du toucher, de la vue, de l'ouïe et du goût. Resserrant mon esprit en la forme d'une badine de bois, je vais en assener plusieurs coups imaginaires sur le dos de cette garce. Personne d'autre qu'elle et moi ne percevons ce qui se passe. Elle ressent la douleur, ploie sous les coups, mais aucune marque ne sera laissée.

Il faut savoir que pour lancer ce genre d'illusions, il faut connaître la sensation que l'on veut donner à la personne. Oui, quand j'étais humaine et que j'ai du fréquenter l'école, j'ai bien connu la badine.

litening to J'aurais voulu - Touts est Effaces

Alors que j'étais attachée et que je fixai la femme des yeux en souriant, il se passa quelque chose de bizarre. Je ressentis un grand coup dans mon dos. La surprise et la douleur me firent faire un bond en avant si fort que je faillis me retrouver face contre terre. Je regardai autour de moi, mais contrairement à ce que je croyais, aucune des personnes présentes ne portait de bâton ou de matraque, ni aucune arme contondante. Et pourtant, je venais de recevoir dans le dos un coup de saton à m'en briser la colone. Alors que je me posais des questions, un nouveau coup me tomba sur les épaules, puis un autre. Je regardai derrière moi, mais ne vis aucun bourreau me frapper. La femme me regardait fixement, elle semblait prendre du plaisir à voir ce spectacle. Cette fois, l'effet de surprise passé, je réussis à taire ma douleur. Je ne pus m'empêcher de me convusler à chaque coup, mais serrai les dents de façon à ce qu'aucun son n'en sorte. Je m'efforçai même à sourire, défiant ma tortionnaire du regard. Pour sentir moins la douleur, je pensai à quelque chose de plus agréable. Je revis en pensée ma famille, du temps où maman j'étais normale et où maman était encore vivante. Elle était si belle... Aussi belle que la femme que j'avais en face de moi. Car ça me hérissait le poil de l'avouer, mais je devais bien reconnaître qu'elle était belle. Elle m'aurait peut-être même donné le coup de foudre si elle n'avait pas été aussi arrogante. Pour penser à autre chose qu'à elle, je me souvins de ma petite soeur. Ma chère Anna. Si mignonne, si gentille. Ses longues boucles blondes, ses taches de rousseur, ... Si je devais mourrir ici, je tâcherais de le faire avec pour dernière pensée celle de l'amour que je portais à ma petite soeur.
Enfin, la bastonnade cessa, me laissant haletante, à genoux devant cette sadique.

"C'est tout ?"

Je regarde avec stupeur le crachat aller de Bingo à Ida. Je dévisage celle-ci. Ne la connaissant pas, je ne peux deviner sa réaction…Réaction que j’attends tout de même avec une certaine appréhension. Mais, avant même que la reine ait fait autre chose qu’encaisser silencieusement cet…Affront…Mes yeux retournent sur l’hybride.

Je cherche vraiment à savoir si je trouve cette femme courageuse ou complètement folle. Jamais je n’aurais osé faire une chose pareille, que ce soit dans ma nouvelle vie de vampire ou entant qu’humain. Je n’ai jamais non plus été d’une nature intrépide et fonceuse. Non, j’ai toujours été le journaliste simplet, curieux et un peu douillet. Ça n’a pas tellement changé avec ma transformation. Je suis le même mais avec de nouvelles capacités, un teint de cadavre et deux longues canines. Je n’ai presque pas changé…Non? M’enfin…

L’un des vampires a essuyé le visage d’Ida et celle-ci parle…Nataël? C’est l’homme qui a nettoyé son minois? Non, il s’agit plutôt de Nataëlle…Bingo? Elle connaît son nom. Cette capacité de lire dans les esprits, je n’en comprendrais jamais le fonctionnement. Normal, puisque ce don ne me concerne pas.

Soudainement, Bingo ou Nataëlle, je ne sais plus, s’est mise à se torde et à gigoter d’un sens vers un autre. Je décide de me relever…Ce que je fais avec une certaine difficulté. Sur le coup, je regarde les autres vampires dans la pièce, cherchant réponse dans leurs yeux. Ida a le regard fixe sur Bingo qui continue de se tordre de douleur. Cela me donne un triste indice de ce qui se passe. Je jette un œil sur les autres.

Quand mon attention se reporte à nouveau sur l’hybride…Une seule réponse…C’est tout. Sans pouvoir m’en empêcher, je me mets à rire. Mais quel culot! C’en est presque…Presque adorable. Ce n’est plus du courage rendu à ce niveau je crois.

-Décidément, elle est folle.

Je m’efforce de calmer mon hilarité soudaine. Je ne crois, d’ailleurs, pas que cet amusement soit partager.

Je me doutais bien que mon petit jeu avec les coups de baguette n'aurait pas d'effet très longtemps. Oh, certes, elle continuait de tiquer de temps à autre, mais elle serrait les dents pour n'en rien laisser paraître. Son petit caractère, qui pour le moment n'a rien d'amusant, aura tôt fait de savoir bien me divertir une fois que je la verrai dans mon arène, forcée de se battre contre ses semblables, des humains, ou alors un ange, si la chance nous sourit et en envoie un dans nos griffes prochainement. Cela me semblerait bien bon : ils ont beau savoir voler, leurs ailes ne leur servent à rien quand toute une armée tient des armes pointées sur sa tête, l'obligeant à ne s'attaquer qu'à l'adversaire devant lui. J'aime voir leurs yeux se lever vers nous, du fond de l'abyme et supplier presque le ciel qu'un miracle se produise, que leur si bon Ashael vienne les sauver. Mais Ashael se fiche bien d'eux : les anges ne sont que ses armes, il ne les porte pas dans son cœur, si même il a un cœur. Les hybrides, eux, n'ont absolument rien à prier si ce n'est que, comme les humains, certains croient en un dieu rédempteur. Moi pas. J'ai cessé de croire avant de cesser de vivre. Je sais qu'une fois dans l'abyme, Nataëlle ne priera pas, une fois dans la fosse. Elle se battra, peu importe la taille et la force de l'adversaire que l'on mettra devant elle.

Non, c'est bien loin d'être terminé, ma chère, je fais, laissant glisser ces mots à travers son esprit pour qu'elle seule les entende.

Un petit rire me fait tourner la tête vers Thomas, lèvres pincées. Il dit que Bingo doit être folle, mais je ne donne pas vraiment plus cher de son esprit à lui. Mais je ne peux pas le juger, je ne le connais que trop peu. L'espace de quelques secondes, je sonde son esprit, y trouvant quelques séquelles de ce qui vient de se passer. Je pose à nouveau ma main sur son épaule, protectrice et tendre. Je lui laisse entendre qu'il ira mieux lorsque sa blessure sera totalement guérie et que le choc sera passé. La première "résurrection" surnaturelle présente toujours quelques séquelles.

Puis je tourne mes prunelles grises et glacées vers l'hybride.

-Owen, tu lui as enlevé toutes ses armes, pendant qu'elle dormait ?

-Oui, ma mère.

-Bien… Conduisez-là dans une cellule, et trouve des frères fiables pour la garder.

J'espère bien qu'elle ne nous causera plus d'ennuis, celle-là !

listening to Message in a Bottle

"Non, c'est bien loin d'être terminé, ma chère"

Ce sont les paroles de la sadique, mais elle ne les a pas prononcées. Elles ont résonné dans ma tête, comme de la télépathie. Ainsi donc, elle a des pouvoirs "télé-Patrick". Ca explique le supplice des coups bâton invisibles.
Elle me regarde avec son air suffisant et ordonne à ses babouins de m'emmener dans une cellule. Les deux hommes obéissent. Ils me prennent chacun par un bras et me mettent debout. Ils sont si brutaux que pendant un moment, mes pieds ne touchent même pas le sol. Alors qu'ils m'emmènent de force à travers un couloir, quelque chose me pique la cheville. Je souris: ces cons ont oublié d'enlever le couteau caché dans la tige de ma botte.
Les deux gorilles me traînent jusqu'à des cellules moyenâgeuses. Là, un des gars me lâche pour aller ouvrir une des portes. L'autre m'immoblise seul et me tient les deux bras dans le dos. Je vois là mon chemin d'évasion.
Tout se passa en quelques secondes. Je donnai un grand coup de talon dans le tibia du gars qui me tient (on voit que c'est un solide, s'il avait été standard, je lui aurais cassé le tibia net), surpris pas la douleur, il me lâche. J'en profite pour me baisser et tirer le couteau de ma botte et l'enfonçe dans la gorge de mon gardien. L'autre se retourne, je lui plante le couteau à la verticale dans l'épaule, sectionnant la carotide. Puis, sans perdre de temps, je m'élançe dans les couloirs. Des humains normaux seraient morts, mais j'avais eu la preuve que ces gens là n'étaient pas humains. En tout cas, s'ils devaient se relever, mieux valait être loin.

Je pousse un petit couinement ridicule quand Ida pose sa main sur mon épaule. Ça ira mieux quand tout sera cicatrisé. J’ai du mal à croire qu’un beau matin, je vais me réveiller avec le torse intacte. Comment un être, même surnaturel, peut arriver à telle prouesse? J’ai du mal à comprendre. En fait, je crois même que le jour où la blessure disparaîtra sera un jour plus perturbant que celui-ci. Je ne peux pas être en vie, c’est tout bonnement impossible. Ça l’aurait été un peu triste pourtant de mourir maintenant. Aussi bêtement. Juste parce que j’étais au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais, quand les gens meurent de cause non-naturelle…C’est toujours pour cette explication passe-partout. Finalement, tant mieux si je suis vivant…Oui, tant mieux…

J’observe la scène d’un regard absent, comme si je n’étais pas vraiment dans la crypte. Je marmonne une ou deux phrases incompréhensibles vu l’articulation inexistante. Une vieille habitude que j’ai de penser à « voix haute » bien que dans ce cas-si mes mots sont à peine audibles.

Deux vampires, sous les ordres de la reine, conduisent avec une certaine fermeté l’hybride qui semble pourtant encore bien prête à mordre à la première occasion. J’hausse un sourcil presque inquiet, tout à fait conscient qu’elle refera des misères à la première occasion. Je crois qu’elle a bien assez prouvé qu’elle en avait dans le ventre. Et toute cette histoire pour quoi? Pour un certain Tony et Dieu seul sait de qui il s’agit!

Une cellule. Ils ne la garderont certes pas très longtemps là-dedans. Mais, s’ils veulent la tuer…Pourquoi cette attendre?

-Que va-t-il lui arrivé? Je redemande, de façon un peu plus détaché.

J’avoue être quand même impressionné par son caractère complètement…Ahurissant.

Mes yeux quittent la porte pour retourner vers Ida.

J'en ai assez de cette femme. Plus qu'assez. Elle me rend lasse, très lasse. Eh oui, les choses n'ont pas changé depuis le moyen-âge : la royauté se lasse vite de ce qui l'a distraite pendant un temps. Cette Bingo a beau être impétueuse, son arrogance et sa manie de toujours chercher faille m'exaspère au plus haut point.

-Je veux que cette femme meurt, je murmure entre me dents, alors qu'elle quitte la crypte en compagnie de mes hommes.

Tout le monde m'a entendu, c'est bien probable. De un parce que tout le monde ici a de bonnes oreilles, et de deux parce que je l'ai aussi pensé tellement fort que cette pensée s'est répercutée dans l'esprit de tous les vampires présents dans les catacombes à cet instant précis. Je serre les dents, les entends grincer. C'est un son désagréable, mais pas aussi désagréable que la vue de cette femme. Je soupire quand elle disparaît de mon champ de vision, ferme les yeux avec lenteur. Puis je me dirie vers mon trône et m'y laisse tomber. Un homme est resté, Thomas, et son esprit est plein d'interrogation.

-Que va-t-il lui arrivé? demande-t-il d'une voix qui se veut rassurée.

-Pas besoin de faire semblant, Thomas. Conserver son côté humain en affichant des émotions et du bouleversement n'est pas un crime chez les miens.

Je souris, bienveillante comme chaque fois que je m'adresse à mes enfants avec l'affection d'une louve envers ses petits. Nul besoin de faire semblant en effet. Dieu que j'aimerais respecter cette règle. Je laisse échapper quelques soupirs, mais jamais au grand jamais je me laisse aller à faire transparaître mes plus profondes angoisses.

Je fronce les sourcils. Quelque chose vient de se produire. Une agitation inhabituelle dans les sous-terrain. Bingo. Je me mords la lèvre, ouvre les yeux et les laisse monter vers le plafond de pierre, la tête renversée en arrière.

-Pour le moment il ne lui arrivera rien. Elle s'enfuit. Mais si je tombe nez à nez avec elle un jour, je lui arracherai la tête à mains nues.

Tout cela dit sur le ton le plus doux qui soit. Je veux bien convenir que ce ne soit pas très rassurant.

"Et merde ! Où est cette pù%@!# de sortie ?!"

J'étais déjà en cavale depuis un moment, mais n'arrivais pas à sortir. Cette base souterraine était un vrai labyrinthe. Je m'arrêtai un moment et m'accoudai à une paroi pour souffler. Il était d'autant plus difficile d'évouer dans ces tunnels que je n'avais toujours pas retrouvé mes armes. En plus, j'avais laissé mon couteau dans la gorge du vampire (je n'étais sûre de rien, mais je m'étais décidée à les appeller comme ça à défaut d'autre terme). Tout ce qu'il me restait c'était un petit accessoire ayant à peu près la taille et la forme d'une griffe de tigre. La lame en était acérée, mais on ne pouvait dignement appeller ça un couteau puisqu'il n'avait même pas de manche. Pendant la guerre, les résistants français l'utilisaient pour couper leurs liens. En le coinçant entre deux doigts j'aurais pu m'en servir comme d'une griffe, mais ça n'aurait sûrement pas servi à grand-chose puisqu'il était trop court pour atteindre les organes internes et que ces...choses étaient plutôt coriaces. Je l'avais laissé dans sa cachette, le réservant pour une future évasion. Jusque là, j'avais croisé trois gardes sur mon chemin. J'avais assomé le premier et brisé la nuque des deux autres. L'alerte pouvait être donnée à tout moment, alors il fallait que je sois prudente.

Pas besoin de faire semblant. Je soupire, peut-être parce que j’ai l’impression qu’elle ne me donnera jamais de réponse à cette question. D’ailleurs, est-ce que je pose cette question par soucis d’humanité? Je n’en suis plus tellement certain. Elle a essayé de me tuer tout d’abord…Il me semble que c’est déjà une bonne raison de la détester ou au moins de ne pas me préoccuper de son sort. Si j’avais prédis que je me serais fait éventrer aujourd’hui…Au mauvais endroit, au mauvais moment. Comme d’habitude, n’est-ce pas Thomas? Oui, comme d’habitude…

J’ai toujours pensé que ma curiosité me tuerait. Mais, jamais je n’aurais cru que ma mort m’aurait fait renaître dans la peau d’un vampire. Des tas de surprises, des tas de péripéties et des tas de dénouements dans la vie d’une seule personne : dans ce cas-si, je parle de moi.

Je me tourne dans la direction d’Ida. Elle sourit paisiblement jusqu’au moment où…Elle fronce des sourcils, contrarié. Quoi? J’ai dit ou pensé quelque chose..? J’hausse un sourcil, de nouveau perplexe. Non, cet air ne m’est pas adressé. Je tends l’oreille. Mais, avant même que je réussisse à capter un son révélateur, la Reine ouvre la bouche.

Quoi elle s’enfuit? Comment? Quand? Qu’est-ce qui a bien pu se passer? Je la regarde avec des yeux ronds.

-Quoi? Comment?

Je suis complètement stupéfait. Encore!? Désarmée et surveillée par deux vampires et elle a pu s’échapper? Et c’est qu’une…Hybride? Je passe une main dans mes cheveux en soupirant. Je secoue la tête.

-Et on la laisse partir?

Quoi que c’est logique que ni moi ni elle soit en état de poursuivre qui que ce soit. Bien sûr…

Quelques bruits...M'indiquent qu'elle n'a pas trouvé la...Sortie encore...

*Bordel ! Elle est où cette fichue sortie ?!*

Je commençais à fatiguer à force de courir à travers les souterrains en me battant contre des ennemis surhumains après m'être fait battre mentalement par une cinglée. Le point positif était que j'avais tout de même récupéré les armes de deux garde que j'avais plus ou moins tué. Je me retrouvais donc avec deux Glocks 18C, un dans chaque main, et deux chargeurs de rechange. Les deux pistolets de neuf millimètres avaient une fonction de tir continu. C'étaient de bonnes armes, mais je préférais mon Colt 45 plaqué argent. Enfin, même si j'étais forte au close-combat, je n'étais pas du genre à cracher sur de bonnes armes à feu.
J'ouvris une porte et tombai face à un homme. Tout se passa en moins d'une seconde. L'homme dégaina son flingue, moi je les avais déjà en mains. Je ne pris pas le temps de viser et tirai la première: deux balles, qui l'atteignirent en plein thorax. Le mercenaire recula de trois pas et tira à son tour. Une violente douleur explosa sur le côté gauche de mon abdomen. Je titubai mais réussis à ne pas me laisser tomber à genoux. Mon adversaire s'apprêta à m'achever, mais même blessée je fus plus répide que lui. Je levai mes Glocks sur lui et lui tirai trois balles dans le visage. Il s'effondra enfin et je ne fus pas loin de faire pareil. Je rangeai un des pistolets dans le holster où avait été mis mon Colt 45 et plaquai la main libérée sur mon ventre pour la retirer pleine de sang.

"Et meeeeerde ! Manquait plus que ça !"

Je cherchai des yeux quelque chose dans la pièce qui pourrait m'aider à stopper l'hémorragie, mais rien. J'ôtai ma veste, la déchirai, et en nouai les morceaux autour de mon abdomen ensanglanté. Ce ne serait pas suffisant, mais à défaut de mieux... La pièce n'évait qu'une seule issue, la porte que j'avais empruntée pour entrer. je la verrouillai et me déplaçai en claudiquant jusqu'à un fauteuil à roulettes devant un bureau métallique. Je m'installai et attendis que la douleur s'estompe un peu avant de faire quoi que ce soit d'autre.

Thomas ne me cachait pas son étonnement. Je veux bien comprendre. J'ai passé un bon moment à chasser cette femme, je l'ai sauvé, lui, de ses griffes, et tout ce que je fais en ce moment, à l'annonce de sa fuite, c'est de rester assise sur mon trône. Comprenons-nous bien : être morte ne signifie pas ne plus éprouver de fatigue. Ce n'est plus la même fatigue : avant que le corps d'un vampire se fatigue, cela prend du temps, beaucoup de temps. Mais c'est une sorte de lassitude, comme un refrain qui revient toujours et nous rend fous. Cette femme m'amuse et m'ennuie en même temps, mais elle m'ennuie trop, par rapport à la petite dose d'amusement qu'elle me fournit. Ce n'est pas un bon rapport des choses.

Je soupire.

Que veux-tu que nous fassions, Thomas ? Je pourrais me relever, mais la blessure qui vient d'être refermée s'ouvrirait à nouveau, et tout serait à recommencer. Tu pourrais tout aussi bien la poursuivre mais si elle a réussi à t'avoir alors que tu étais au mieux de ta forme, imagine ce qu'elle ferait, maintenant.

Je ferme les yeux, décidée à ne plus porter d'attention à cette femme. Si elle meurt, tant mieux. Si elle se tire, bon vent ! Mais avant que je déconnecte mes pensées de son être, je capte une blessure, l'odeur et la sensation du sang sur ses doigts à elle. Je plisse le nez. Du sang de sale hybride …

-Elle est blessée, et ne trouve pas la sortie.

Comme si ce dernier élément avait quelque chose d'étonnant …

-Attendons encore un peu, et quelqu'un finira par la ramener ici. À cette heure, tous les vampires de la crypte doivent avoir reçu le message et pister son odeur.

Je renverse la tête contre le dossier de mon trône, lasse. Je ne sais pas comment je vais réagir, encore, quand je vais revoir son sale visage devant mes yeux.

listening to Stereophonics - Have a Nice Day

J’hoche la tête à la moindre de ses paroles, approbateur, sachant qu’elle a raison. Je ne bougonne même pas quand elle mentionne que je ne serais probablement même pas capable de l’affronter. C’est vrai, j’ai été imprudent. Mais, comment aurais-je pu prédire qu’elle avait une armurerie entière sur sa seule et unique personne? N’empêche, on ne peut pas dire que je sois quelqu’un de fort et j’ai perdu mon sang froid. Ce n’est pas une banale hybride. Elle est plus coriace que ça. Du moins, j’ose le croire. Et je ne dis pas ça par orgueil (chose que j’ai perdu, de toute façon, il y a bien des années), je l’ai vu de mes propres yeux. Je l’ai vu craché au visage de la reine des vampires et lui déchargé tout un flingue sur elle. Ida avait-elle vu venir le coup? Peut-être. Je n’en sais rien en fait. Je ne saurais même pas dire jusqu’à quel degrés va sa puissance bien qu’elle a donné un aperçu déjà.

J’envisage de rentrer chez moi, peut-être de me nourrir juste avant si je m’en sens le courage…Mais, la seule idée de devoir faire une autre rencontre imprévue en court de route, bonne ou mauvaise, que ce soit Bingo ou qui que ce soit, me donne le vertige. Est-ce cette pensée ou bien ma blessure qui me donne cette impression en fait? Pas la peine de réfléchir. Pas la peine de réfléchir. Aucune importance puisque les paroles de la reine m’incitent à rester.

Elle est blessée et perdue. Perdue, ça, ça n’a rien d’étonnant vu la crypte…Blessée, ça m’étonne un peu. Je fronce les sourcils. Bien sûr, je me doute qu’elle ne s’est pas blessée toute seule et que donc, elle a croisé un autre de ses buveurs de sang qui se baladent dans la crypte. Mais, je m’étonne qu’après tout ça, ça devienne si…Simple. C’est étrange.

Je lève les yeux vers Ida qui m’assure que d’autres sont à ses trousses. « Tous les vampires de la crypte ». Ces simples mots piquent une curiosité qui n’a pas lieu d’être, qui devrait avoir une importance moindre dans ces conditions du moins. Je ne peux résister de demander de manière complètement anodine à la reine des précisions.

-Et combien d’entre nous sommes ici? Vous avez sans doute le moyen de le savoir…

M’enfin, au fond, je ne le sais pas non plus. Je n’ai aucune réponse. Mais, je peux supposer qu’avec ses pouvoirs, effectivement, elle peut le deviner. Puis, je regarde la porte comme si à tout moment, nous reverrons l’hybride se pointer.