Un vampire chez moi (PV Lestat)

Je rentre à sa suite et mon regard fait rapidement le tour de la pièce. C'est intime, j'aime beaucoup. Nous pourrons passer des heures et des heures à discuter et parler de tout... Jusqu'à ce qu'il me donne son coeur... Et son corps... Un fin sourire se dessine sur mon visage. Il me propose un café que je refuse poliment. Je m'avance - en faisant attention où je mets les pieds - vers un petit meuble qui lui sert de bibliothèque. Savant, mes doigts passent sur les reliures alors que mes yeux lisent les titres. J'en ai lu beaucoup parmis les plus anciens. Par contre, ceux qui sont récents, je les connais moins. J'en sors un du rayonnage et lis la quatrième de couverture.

"Il est bien ?" je demande.

Puis je le repose sans vraiment attendre de réponse... Je me vois dans quelques semaines, couché sur son lit en train de lire alors que lui tappera un article sur son ordinateur... Je me vois venir chez lui à l'improviste et y être accueilli comme si c'était la chose la plus normale du monde... Je serais un ami exotique. Celui à qui il racontera tout...

"Mon père, en plus d'être extrêmement riche, était un grand voyageur. C'est lui qui m'a donné le gout des explorations et je l'ai gardé après sa mort... J'ai donc connu beaucoup de pays dans mon enfance et beaucoup d'autre après, par moi même. Dites-moi quel lieu vous interresse et je vous le détaillerais..."

Je me détourne des livres et lui offre un sourire calme et amical. J'ai envie de le gouter, de le toucher... Son sang se melera au mien avant que je parte, c'est certain... Et ça arrivera sans qu'il ne s'en rende compte...

Je n'avais même pas vu que le livre était de lui... A ma décharge, je ne connaissais pas son nom, juste son prénom. Après un regard rapide sur la bibliothèque je trouve d'autres ouvrages signés de sa main... Il s'installe alors que je finis d'inspecter les rayonnages.

Les moines bouddhistes... Oui, en Inde... Enfin un peu plus en hauteur... Je souris. Quand je raconte cette histoire à un mortel, je la situe dans mon enfance, avec mon voyageur de père... Depuis le temps, mes mensonges sont bien ficelés... Je lui fait face quand il pose ses questions suivantes. Mon age ? Il a du flair, lui. Je souris et vient m'installer prêt de lui. De cette manière, avec ma vue percante, malgré la peinombre, je peux lire ce qu'il écrit...

"Oui, je suis né à Paris... Il y a plus longtemps que vous le pensez..."

Ainsi, je troune autours du pot... Je lui dirais que je suis plus agé que lui s'il insiste, mais je ne donne jamais d'age réel... Il serait capable de faire des recherches... Je le regarde longuement. Et si je lui disais ? Cette idée me fait sourire mais je ne l'ecarte par pour autant. Il a vu un vampire - une, pour être précis, mais ça n'a aucune espèce d'importance - et il s'en est remis, il a relativisé... De toutes façons, je le tuerais... Mais tout de même... Le lui dire..

Passer par un autre pour trahir les règles... pour montrer la réalité aux hommes... N'est-ce pas lâche ? De plus, ça le mettrait en danger. Il mourra de ma main, quand je l'aurais décidé. Pas avant... Je ne peux pas prendre ce risque... Pourtant, pour une raison que j'ignore, il me plait vraiment... Peut être vais-je attendre un peu avant de le tuer...

"Je me rends compte, Thomas, que je ne peux pas vous raconter ce que vous voulez entendre... Il y a mon histoire comme je la dévoile au gens et mon histoire comme elle est réellement... Je crois que je envie de vous raconter la vraie, pas la romancer... Mais dans ce cas, elle ne devra pas quitter votre esprit. Vous ne devrez jamais la mettre sur papier, jamais en parler à personne... Sinon... Sinon je vous raconterais l'Inde, ou plutôt le Tibet, d'une manière romancée et... non véridique... comme ça, par exemple..."

Je marque une pause, me lève et m'approche de la fenêtre. Mon regard se perd au loin alors que je commence à déblatterer mon mensonge:

"J'étais assez jeune à l'époque. Je n'avais pas plus de 12 ans quand mon père à décidé que je pouvais venir avec lui. C'était les vacances scolaires et nous sommes partis en Inde..."

[A toi de m'interrompre, sinon, je peux inventer une très belle histoire pleine d'aventure... Tu veux pas que je te transforme en Vampire ??]

(Transformer ThomThom en vampire? Peut-être…Mais pas maintenant…Mon pauvre Thommy *caresse la tête de son perso*…Il vient à peine de naître…)

Il vient s’asseoir prêt de moi.

"Oui, je suis né à Paris... Il y a plus longtemps que vous le pensez..."

C’est vague tout ça…C’est mystérieux. Encore, encore et toujours. Ne peut-il pas répondre clairement et satisfaire ma curiosité grandissante? Je ris, quelque peu amusé.

Vous n’avez pas plus précis?

J’attends la suite de ses paroles qui viennent d’elles-mêmes. Elles ne me disent rien pour répondre à mon envi de savoir. Mystère flottant, mystère énervant, mystère enivrant…Mais, c’est un mystère énervant quand même. Deux vies, une fausse et une vraie. Une que je peux divulguer à n’importe qui et l’autre que je ne pourrais pas en dire un mot. Un Tibet ou un ailleurs…Je préfère tout bonnement un ailleurs que je ne pourrais pas raconter…C’est sa vie que j’ai envi de connaître et pas celle qu’il s’ait inventé pour une raison ou pour une autre.

"J'étais assez jeune à l'époque. Je n'avais pas plus de 12 ans quand mon père à décidé que je pouvais venir avec lui. C'était les vacances scolaires et nous sommes partis en Inde..."

Il se lance dans son histoire qu’il qualifie de fausse et « romancée » et je l’arrête tout de suite.

Si j’ai envi d’entendre une histoire, je préfère entendre la vraie…La vôtre.

Je le regarde et attend une « suite d’événement ». Je ne peux voir l’expression qu’il a adopté sur son visage puisqu’il me tourne le dos, regardant la fenêtre.

Je ne l’écrirais pas et ne la dirais à personne si c’est ce que vous souhaitez…Mais, je ne vois pas l’intérêt d’en savoir plus sur la vie que vous dites avoir inventé.

"Pourtant elle est, elle aussi, très interressante"

Mais je n'ai plus envie d'insister là dessus. Je lui fait face et le dévisage.

"Thomas, vous me plaisez bien, vraiment... Pourtant je me joue de vous depuis la seconde où nous nous sommes rencontrés."

Je m'avance mais laisse une certaine distance pour ne pas l'effrayer puis, plongeant mon regard dans le sien, mon visage devenant dur, je demande:

"Mais vie, mon histoire, la vraie... Cela vous coutera cher de l'entendre, vous pouvez y risquer votre propre vie, Thomas. Pourtant, pour une raison que j'ignore, je vous apprecie et votre mort me dérangerait... C'est assez comique quand on sait ce que je faisais sur les quais de la Seine ce soir..."

Je soupire, m'éloigne, lui tourne le dos puis le regarde:

"Etes-vous prêt à prendre ce risque Thomas ? Je suis peut être un agent secret, un tueur en série ou un hybride des plus dangeureux... Quelle que soit mon histoire, sans même savoir si elle en vaut le coup... Etes vous réellement prêt à tenter votre vie pour la connaitre ?"

Il n'en a bien sur pas conscience, mais moi je sais... Si je lui révèle mon identité c'est que je vais le tuer ou en faire un des notres. Il n'y a pas d'autre alternative... Je le fixe, le plus serieusement du monde, annormalement immobile... Et j'attends sa réponse...

Oh que non, ce n'est pas une blague, Thomas... Mais je ne prononce pas ces mots. A peine si ma tête oscille de gauche à droite. Mon expression suffit à le lui faire compredre, je pense... enfin... j'espère. Il prend le temps de la réflexion et cela me rassure... Puis il me demande de raconter ma vie. Il a fait ce choix... le choix que j'attendais... Oui, que j'attendais. J'ai envie de lui raconter tout cela, j'ai envie de le partager avec lui...

"Par où commencer..." je murmure.

Je me redresse et viens m'asseoir face à lui. Je fais taire mon désir de gouter sa peau et son sang, l'attente ne fera que m'exciter un peu plus, et l'obtenir n'en sera que plus jouissif. Mais je dois raconter mon histoire...

"Dois-je commencer par la fin, sur ces quais ou par le commencement, ma naissance ? Peut-être faut-il d'abord que je vous situe. Que je vous donne le fin mot de l'histoire... Ce que je suis réellement..."

Je l'observe en silence puis me redresse un peu sur mon fauteuil sans le quitter du regard:

"Ou peut être aurez vous besoin d'une preuve de ce que j'avance..."

Un preuve... Ca me tente bien de planter mes crocs dans sa chair juste pour avoir un appercu de son gout avant d'être obligé de jeuner... Je soupire d'aise et je me lance enfin:

"Je ne suis pas un humain, Thomas. Je suis fait de chair et de sang, certes, mais je ne suis pas humain. Et c'est parce que vous m'avez raconté votre rencontre avec l'un des miens que j'ai envie de vous montrer qui je suis vraiment... Ma "fausse histoire" est réservée aux mortels pour qu'ils n'aient aucun doute... J'ai plus de 200 années de vie derrière moi, Thomas..."

Je marque un pause et observe son expression puis, mettant les mots sur ce qu'il a certainement compris, je conclue:

"Je suis un Vampire."

Oui, il l'a surement compris à demi mot, mais l'entendre dire, c'est toujours autre chose... Je ne le quitte pas des yeux...

Par où commencer, par où commencer…Moi, je ne cherche qu’à comprendre, alors commencer par le compréhensible, Lestat…

Il vient s’asseoir en face de moi. Je ne le quitte pas des yeux et il semble en faire de même pour moi. Ses paroles ne répondent toujours à rien et laisse encore flotté ce foutu mystère que je pourrais maintenant qualifier d’insupportable à présent. Mes yeux ne quittent pas sa personne qui est toujours aussi sérieux et impassible. Moi, j’ai toujours le visage de quelqu’un qui n’a pas du tout envi de rire. Mais, lui non plus semble-t-il.

J’attends, j’attends que ses paroles cessent de flotter dans les airs comme s’ils n’étaient rien…J’attends, j’attends des réponses…J’attends que ma curiosité soit finalement satisfaite…

"Je ne suis pas un humain, Thomas. Je suis fait de chair et de sang, certes, mais je ne suis pas humain. Et c'est parce que vous m'avez raconté votre rencontre avec l'un des miens que j'ai envie de vous montrer qui je suis vraiment... Ma "fausse histoire" est réservée aux mortels pour qu'ils n'aient aucun doute... J'ai plus de 200 années de vie derrière moi, Thomas..."

« je ne suis pas humain », premier choc sur un mur imaginaire qui me fonce droit au visage. « L’un des miens », deuxième choc et il ne m’en faut pas plus pour comprendre. 200 ans, comme si c’était pas déjà assez, je fonce vers un troisième mur invisible. Je me raidis, me crispe, est-ce que je tremble? Je n’en sais rien. Un vampire….Un vampire. Est-ce une mauvaise blague? Non, non, non…Il dit ça avec un de ces sérieux! Il est sérieux…

"Je suis un Vampire."

Ce simple mot « vampire », réussit à m’achever. Si je ne me retenais pas, je serais déjà dans un état hystérique et en rapide route vers la porte…Mais, je réussis à aligner des pensées dans mon esprit. Bon, j’ai déjà dit que j’était près à prendre le risque (bon d’accord, sur le coup je n’avais pas toute conscience) pour entendre son histoire…Il serait bête de mourir sans en avoir entendu ni le début, ni le déroulement, ni la fin…De toute façon, je crois être incapable de bouger…J’enlève mes lunettes pour passer mes doigts sur mes yeux…Je reprends finalement ma respiration…

Seigneur…Et en plus il est sérieux…Dis-je à moi-même…

Je remets mes lunettes en place…

Ce n’est vraiment pas une blague? M’obstinais-je à demander… Seigneur...

Son coeur s'accélère. Je l'entends distinctement. Plus je parle, plus il bat vite. Et quand je finis par me taire il ne ralenti pas pour autant. Pourtant, sa respiration, elle, se calme. Je l'entends murmurer pour lui même mais j'attends que ses mots me soient destinés pour répondre avec douceur:

"Non, ce n'est pas un blague, Thomas."

Je ne bouge pas, j'ai conscience que le moindre de mes mouvements pourrait l'effrayer... Je le regarde et je finis par dire ce qu'il devrait le rassurer mais qui, je le crains, ne le rassurera pas:

"Mon seul moyen de vous en donner la preuve, Thomas, serait de m'abreuver à votre gorge... Pas que l'idée me déplaise, loin de là, mais je ne veux pas vous tuer... Pas maintenant du moins... C'est la première fois que je révèle ma nature à quelqu'un qui n'est pas destiné à mourir dans les secondes qui suivent. Je dois avouer que j'apprécierais de gouter votre sang. Oh, pas pour vous tuer, non, surtout pas, juste pour en connaitre la saveur... Mais je crains que cette perspective soit inimaginable à vos yeux. Votre coeur est déjà bien trop rapide pour que je prenne le risque de vous approcher plus."

Je me tais une seconde. Il faut qu'il se calme. Je finis par prendre la parole à nouveau dans un chuchottement:

"Je vais me lever, Thomas..."

Et je joins le geste à la parole. Avec lenteur, je me lève et passe derrière mon fauteuil mettant l'objet entre nous deux. Je vais dans le coin qui lui sert de cuisine et sert un verre d'eau glacée puis je reviens vers lui. Je me penche doucement et le pose sur la table. Assez loin de lui puisque je ne m'approche pas pour ne pas l'effrayer, mais assez près pour qu'il puisse s'en saisir. Je me relève et vais m'addosser au mur.

"Sur les quais, tout à l'heure... je jetais l'une de mes victimes dans la Seine... Un Hybride. Je ne me nourris pas de ces êtres là. Leur sang à un gout animal... Mais certains d'entre eux connaissent notre existance alors il nous faut les éliminer..."

Je le regarde toujours avant de conclure:

"Je vous apprecie vraiment, Thomas. J'aurais aimé que vous me preniez pour un mortel, un amis... Mais maintenant, cela doit être impossible à vous yeux et je sais que le fait de vous révéler ma nature vous met en danger. Mes frères risquent de vouloir vous tuer parce que je vais briser vos croyances... Je vais vous dire ce que nous ne craignons pas et ce que nous craignons réellement... Et cela, ils risquent de ne pas l'accepter..."

Je laisse le silence reprendre le contrôle des lieux et je finis par demander:

"Que voulez vous savoir de moi, Thomas ?"

Il veut tout... Et aussi surprenant que cela puisse parraître, je le lui donne. Je commence par ma vie de mortel. L'auvergne, la neige, la frustration, la vie féodale alors que Paris croule sous le luxe et les belles parures... Puis mon départ pour la capitale. Ma décéption. Et ma rencontre avec les vampires. Ma transformation. La Révolution française. Leur mort... Puis je lui raconte mes deux siècles d'exil, d'errance à travers le monde. Tout ce qu'il voulait savoir, je lui raconte comment je l'ai vu de mes yeux de vampire, d'immortel... Je lui parle enfin de mon retour, de la manière dont j'ai retrouvé Paris, comme je me la suis réapropriée. J'évite néanmoins de lui dire que la plus grande communauté de vampires a élu domicile dans les catacombes de la ville.

Je ne suis pas resté calme pendant mon histoire. Non, tout en gardant le siège entre nous deux, j'ai commencé à marcher de long en large, je parlais avec les mains, mimait ce que j'avais vu, mettait le ton pour rendre l'histoire encore plus palpitante... Pour une première, je crois m'en être bien sorti. Depuis une petite demi-heure, j'ai remarqué que le soleil se lève lentement. Il doit être fatigué... Il est temps que je lui fasse la dernière démonstration. Je me mets devant la fenêtre, dans la lumière du soleil. Il me rend aveugle, je n'aime pas ça du tout*. D'un geste vif, je tire les rideaux:

"Nous ne cragnons ni les crucifix, ni l'ail, ni le soleil... Nous sommes simplement immortels... Néanmoins, cette lumière a le défaut de me rendre aveugle tellement elle m'éblouit... Je serais bien embêté si vous me mettiez à la porte maintenant."

L'histoire est terminée ou peu s'en faut. Je lui fais face alors qu'il m'a écouté toute la nuit durant. Il doit être épuisé, non ? Il est temps de mettre une touche finale à mon histoire. Maintenant qu'il est un peu plus serein en ma présence, qu'il s'y est habitué... Je m'avance vers lui et le plus calmement du monde m'asseois sur le canapé à ses côtés. Je murmure:

"Vous seriez fou de ne pas avoir peur, Thomas, mais je vous remercie d'avoir écouté mon histoire. Je vous remercie de ne pas me fuir comme un monstre que je suis..."

Je passe ma main sur son visage. Elle doit être un peu froide, mais pas forcément tant que ça. Je caresse ses cheveux et glisse mes doigts dans sa nuque.

"Je ne vais pas vous faire de mal, Thomas, ce n'est pas mon intension..."

Avec une lenteur des plus troublante pour un mortel, je me penche vers sa gorge jusqu'à poser mes lèvres sur sa peau fine. Tendrement, je l'enlace alors que mes canines percent de minuscules trous dans sa chair. Le sang afflu aussitôt dans ma bouche tellement son coeur bat fort. Le nectar chaud m'ennivre avant même que je l'ai gouté... J'avale une gorgée puis une deuxième et lèche la plaie pour la refermer en me relevant. Je plonge mon regard dans le sien et mes lèvres frôlent les siennes.

"Je vous aime, Thomas..."

J'aime les mortels. Cela est-il si surprenant ? Je les aime quand je les prends contre moi, je les aime pour leur fragilité... Mais lui... Je ne veux pas le tuer tout de suite... Bien sûr ce n'est certainement pas un amour au sens "mortel" du terme, mais c'est un amour incommensurable. Je m'éloigne de lui sans aucun gestes brusques. Ma mains passe sur son cou, là où deux petites piqures sont encore visibles, mais je n'ose pas le remercier pour ce qu'il m'a donné... peut etre contre son gré...

J'aime sa façon de paniquer... Il a l'apparence calme, mais son coeur s'affolle. Il n'a même pas l'idée de me dire de ne plus recommencer. Je ne crois pas qu'il se soit réellement rendu compte de ce que je viens de faire... C'est amusant... Encore une fois je l'entends faire appel à un Dieu qui n'existe pas, mais je crois que j'ai assez ébranlé sa vision du monde, je ne vais pas lui parler des Anges et de leur cruauté tout de suite... Il va prendre un verre d'eau. C'est fou la facilité apparente avec laquelle il accepte tout ça... Il me pose une question... encore une... Je le regarde et je murmure:

"Pourquoi ne posez vous que des questions auxquelles vous ne voulez pas de réponses, Thomas ? Pourquoi me demander combien nous sommes plutôt que comment nous détruire ? C'est comme si vous me demandiez de vous décrire l'un de mes repas. Il est évident que la réponse ne peut que vous déplaire..."

Ma voix est douce, tendre, protectrice. Bien sur, comme tout humain, il pense que je ne fais que boire le sang de mes victimes et les abandonner anémiées sur le bord du chemin... S'il savait... S'il savait ce qu'est devenu ce corps qu'il a vu dans les mains de l'une des notres... Non. Il vaut mieux qu'il l'ignore. Qu'il pense que je ne fais que boire, qu'il omette que je mange aussi... Moins que les autres, certes, mais je mange... Une ou deux gorgées de son sang deux fois par jour et je peux tenir une semaine sans manger... Combien de temps vais-je tenir sans le tuer ? Il dit encore des mots qui me sortent de mes pensées et je souris tendrement...

"Si, Thomas, si, vous y croyez, c'est pour ça que vous êtes si troublé. Vous avez besoin de sommeil. Je vous ai tenu éveillé toute la nuit. Allez dormir un peu. Si vous le permettez, je vais me reposer un peu tant que le soleil est présent dans le ciel..."

Sans vraiment attendre sa réponse, d'un geste souple, je me lève et me dirige vers la bibliothèque. Je prononce à haute voix les titres de ses ouvrages avant de demander:

"Lequel me conseillez vous ?"

[Je me permets de faire jouer Thomas, si ça ne te va pas, j'éditerais]

Je soupire. Entendu, je vais lui répondre, mais il faut qu'il dorme. Même si je dois pour cela d'user de toute ma force de persuasion. Je m'avance vers lui et me penche pour prendre sa main.

"Puisque vous insistez, laissez-moi en faire de même: vous devez dormir."

Je soulève sa main. Il se laisse faire, comme tout à l'heure quand je l'ai mordu... Pourtant j'ai l'impression que c'est plus la curiosité que la peur qui fait qu'il est docile. Rien qu'en tenant sa main, je le fais se lever et je le guide vers sa chambre. Lentement, je défais ses habits...

"La communauté parisienne est la plus importante du monde" je murmure alors que je le fais se coucher sur le lit.

Je carresse un instant son torse. Il est magnifique. Dois-je dire... appetissant ? Oui, certainement... Je pose mes lèvres sur ses lèvres avec douceur et termine mon explication:

"Cela s'explique par le fait que celle qui nous sert de Reine vit dans cette ville..."

Je remonte ses draps sur son corps et caresse ses cheveux tendrement.

"Maintenant dormez, Thomas. Si vous le souhaitez et malgré le fait que je deteste sortir de jour, j'aurais quitté votre appartement à votre réveil... Si vous le souhaitez aussi, bien que j'aimerais rester, je quitterais votre vie. Reposez vous."

*A quoi joues-tu Lestat ? Quelle est cette idée saugrenue de penser à épargner un mortel après lui avoir révélé tout cela ? Serais-tu tombé dans ton propre piège ? A ton propre jeu ? Serais-tu en train de tomber amoureux de ce mortel ? De t'attacher à lui ? Tu es ridicule !*

"Je n'en sais rien..."

Mon mépris transparait dans ma voix... Je soupire et continue en murmurant, comme pour l'exhorter à dormir.

"Elle est censée surveiller que nous sommes des gentilles brebis obéissantes qui ne mettent pas la race en danger comme je viens de le faire, surement... Je ne la connais pas et elle ne m'interresse pas."

Je me relève et quitte la pièce sans lui laisser le temps de poser d'autres questions. Cet homme est la curiosité à l'état pur... Et je crois que c'est pour ça que je l'apprecie. Je me demande à quel moment sa soif de savoir le poussera à me demander de pouvoir savoir par lui même comment c'est d'être un vampire... Pas que je lui accorderais ces pouvoirs s'il me les demande. Je n'en sais rien encore...

J'attrappe l'un de ses livres dans la bibliothèque et m'éttend sur le canapé pour commencer ma lecture. Que vais-je bien pouvoir faire de lui ? En faire mon amant mortel ? Mon nouveau jouet ? Le tuerais-je ? Finalement, toutes ses questions disparaissent de mon esprit alors que je lis ses lignes à une vitesse surnaturelle mais je finis par m'endormir avant la fin...

Prendra-t-il ça pour une insulte ? J'en doute...

Je dors… Mais n'étant pas seul, ce n'est qu'un sommeil partiel. D'ailleurs, à la seconde où il s'est levé j'ai cessé de réellement dormir… Je suis juste excessivement calme. Mes yeux sont toujours clos mais j'écoute ses doigts sur le clavier. Qu'écrit-il ? Cherche-t-il à retranscrire ce que je lui ai raconté ? Non, j'en doute, il ne prendrait pas ce risque alors que je sais où il habite, ça serait du suicide pur et simple. Les tapotements s'arrêtent et la porte s'ouvre. Un fin sourire se dessine sur mon visage mais je garde cette apparence de sommeil profond. Il passe à côté de moi et, aux bruits que j'entends, se fait un café… Voilà que ne va pas l'aider à dormir… Il me regarde, j'en suis certain… Je ne bouge toujours pas. Je me concentre sur tout ce qui fait sa présence, son être… J'écoute son sang qui coule dans ses veines, me narguant. Et si je jouais un peu moi aussi. Au moment où il repart vers sa chambre, je murmure:

"Vous ne dormez pas, Thomas ?"

Je n'ai pas bougé. Mon visage est toujours immobile, comme si les mots n'avaient pas été prononcés. Et même s'il m'avait regardé au moment où j'ai dit les mots, il ne m'aurait pas vu bouger. Je suis comme une statue de pierre. Les modifications de mon visages sont bien trop rapides pour qu'un œil humain les perçoivent. Mon sourire s'élargit encore mais il ne peut pas s'en rendre compte tellement c'est infime. A la limite en aura-t-il l'impression mais pas la certitude. Pourquoi ai-je envie de lui faire peur ? Je l'ignore, c'est juste une impulsion. D'un coup, j'ouvre les yeux. La seconde d'avant ils étaient fermé et maintenant ils le fixe avec insistance. Il ne peut physiquement pas avoir vu bouger mes paupières. Le reste de mon visage garde cette immobilité de cire. J'ai tellement envie de me jeter sur lui d'un bond et de planter mes crocs dans sa chair… Son sang à un goût exquis, je crois bien que j'en veux encore…

Mais je ne veux pas ne veux pas non plus le terroriser, ce n'est pas le but. Alors, lentement, mon visage se détend. Mon sourire devient plus franc. Maintenant, il peut remarquer les changements de mon expression, comme si j'étais un humain normal. Tout dans mon nouvel état a pour but de le rassurer… Sauf peut être les mots que je prononce:

"Thomas, j'ai encore soif… Me donneriez vous encore un peu de ce succulent nectar qui court en vous ?"

Café en main, je me dirige le plus silencieusement possible vers ma chambre…Le silence n’a jusqu’à maintenant qu’été légèrement brisé par des petits coups de verres en me cherchant une tasse, rien de bien alarmant. Pourtant, ce bruit est quand même dérangeant…Chaque bruit résonnant dans le silence total m’agacent. Je jette un dernier regard à Lestat…Ce n’est pas un rêve, pensais-je encore…Il ne s’est pas réveillé, il semble dormir profondément. Il semble…Paisible…Bon, je dois y retourner…

"Vous ne dormez pas, Thomas ?"

Je manque de sursauté…Mais, finalement, je n’ai été victime que d’une légère agitation nerveuse. Légère je vous dis. Je m’approche de fauteuil d’à peine un pas ou deux…Juste assez pour apercevoir convenablement son visage…Son expression est encore celle d’un homme endormi…Sa présence me rendrait-elle parano à un point tel que je l’entends parler sans même qu’il n’ait prononcé le moindre mot? La moindre syllabe? Ses yeux sont clos…Tu deviens fou Thomas, c’est la fatigue…Il dort…Puis, ouverts…Mais, je ne les ai pas vu s’ouvrir. Je recule par réflexe…Un demi pas, à peine…Ses yeux…Ils étaient fermé, puis ne le sont plus…Ses paupières n’ont pas pu bouger…Impossible…Thomas, rappelle-toi que c’est un vampire que tu as devant toi…Ça l’amuse de me faire des peurs inutiles comme ça? Depuis combien de temps est-il réveillé? Je le dévisage. Terrorisé. Ses yeux sont ouverts, ils me fixent…Mais, le reste de son visage reste de pierre, immobile…

-Vous non plus…Répondis-je d’une voix basse et nerveuse. D’ailleurs, j’en viens presque à me demander qu’est-ce qu’il fait encore chez moi…Un vampire…Chez moi…Et je n’en fais rien. Je n’en reviens toujours pas.

Son visage redevient mobile. Ça me rassure quelque peu…Bref, je recommence à respirer. La statue fait de marbre blanc revient à la vie. J’observe « l’évolution » des gestes, de ses expressions. Il est redevenu normal…Enfin, « normal », si on peut qualifier un cadavre animé pourvu de crocs et d’une soif de sang de normal…

"Thomas, j'ai encore soif… Me donneriez vous encore un peu de ce succulent nectar qui court en vous ?"

Je me raidis a ces paroles. Bon, le peu de gagné que j’avais eu en assurance venait de très subtilement prendre la sortie. Je le regarde sans rien dire…J’hésite…Mais pourquoi j’hésite? Il n’y a pas à hésiter. Dit lui non et met le dehors de chez toi! Il doit s’en aller! Je crois que j’ai perdu la raison…Rien ne va plus dans mon esprit. Je ne connais pas mes pensées envers Lestat…J’ignore qu’est-ce que je pense de lui…Il suscite ma curiosité, ça c’est un fait…Il me terrorise aussi…Mais, pourtant, j’ai aussi de la sympathie pour ce personnage…Je ne peux pas le nier…

J’ai aussi envie de ressentir à nouveau cette sensation… Je n’ai rien compris à cette sensation que j’avais ressentis lorsqu’il m’a mordu…Je veux comprendre…C’est tout ce que je veux. Comprende ce qu’est un vampire, comprendre pourquoi il y a une reine, comprendre comment tout à commencé, comprendre…Comprendre cette sensation. Je veux comprendre…Ça peut paraître bizarre…Mais, c’est vraiment ce que je souhaite…Je veux aussi comprendre ce qu’il est…Je sais qu’il est un vampire…Mais, je veux comprendre plus que ça…

D’accord…Soufflais-je, encore et toujours quelque peu…Nerveux…

Ça y est…Je suis fou, complètement cinglé…J’entendspresque les m’sieurs en blanc arriver…

Je dois avouer que là…

"Vous me surprenez Thomas…"

Mais c'est aussi pour cela qu'il me plait. Que les humains me plaisent en général. Ils sont si imprévisibles. Et Thomas à une manière d'agir avec moi qui me plait vraiment. Il m'est arrivé souvent de m'approcher des humains, de m'en faire des amis, mais c'est la première fois que je me présente comme un vampire dès les premières heures… Les humains ont peur des vampires, ils paniquent, ils sont incapables d'aligner deux pensées cohérentes… Et lui, il me laisse dormir chez lui, il tape son article, il vient prendre son café… Et il m'offre son sang !

Je me redresse lentement jusqu'à m'asseoir sur le sofa et dans un geste doux, je me saisi de sa main, celle qui ne tient pas la tasse de café. Comme si tout se faisait au ralentit, je le fais asseoir à côté de moi et prends lentement la tasse pour la poser sur la petite table. Puis mes doigts se mettent à courir sur son visage. Je ne fais que l'effleurer, le caresser, comme si j'étais un aveugle en train de découvrir une nouvelle personne.

"Je suis désolé, mes mains doivent vous paraître glacées… En abondance, le sang réchauffe ma peau, c'est le seul moyen… il faudra vous habituer à mes doigts froids, je le crains…"

C'est une manière de lui dire que je ne vais pas le vider de sa vie… Je m'approche doucement et pose mes lèvres sur son front.

"Faites moi confiance, Thomas, fermez les yeux…"

Les humains ne sont pas capable de faire confiance à un vampire, normalement… Mais lui le peut peut-être… N'est-il pas en train de déposer sa vie entre mes mains ? Mes lèvres se posent sur sa tempe, descendent sur sa joue, son menton puis son cou. Elles se posent un instant sur les marques que je lui ai laissé tout à l'heure. Ma langue les effleure. Si je dois m'abreuver régulièrement de son sang, il ne faut pas que les marques soient visibles… Je remonte embrasser son visage, tendrement… Ses pommettes, ses paupières closes…

"Votre peau est si douce, Thomas… Elle réveille ma faim… Si douce…"

Je l'embrasse encore. Mes mots n'étaient qu'un murmure, j'ignore s'il les a entendus. Quoi qu'il en soit, je doute qu'il fasse une différence entre la faim et la soif d'un vampire. Les humains n'imaginent même pas que nous soyons si sanguinaires… et cannibales. Je ne l'imaginais pas vraiment non plus au début… Mais j'ai la chance de pouvoir me contenter de boire. Je ne mange qu'une fois de temps en temps, pas plus… Et c'est pas plus mal parce que je suis difficile…

Certains affirment que les vampires sont les êtres les plus romantiques qui soient… Je ne le pense pas des autres… Par contre, moi… Je suis d'un romantisme parfois exagéré. Je soude mes lèvres aux siennes alors que, lentement, je l'étends sur le sofa. Ma langue redessine sa bouche puis part à la rencontre de sa jumelle, danse avec elle langoureusement, caresse le palais sensible puis se retire calmement… Et mes dents se plantent sur l'intérieur de sa lèvre inférieure. Ma main se glisse dans sa nuque alors que mon corps s'étend sur le sien. Je glisse mon autre main sur sa peau nue, le couvre de caresses alors que le liquide chaud emplis sa bouche et la mienne avant de couler dans ma gorge. Je ne l'ai pas blessé outre mesure, juste deux petite piqûres, néanmoins, je ne peux m'empêcher, alors que l'excitation me gagne, d'écorcher sa langue ou de griffer sa peau. Quand notre baiser se rompt, ses blessures ne saignent plus. Je me précipite alors, sans violence, vers les perles de sang qui coulent doucement sous mes doigts. Je l'ai griffé peut être un peu fort… Je lèche sa peau avec avidité puis m'éloigne des griffures pour embrasser son corps et le couvrir de caresses...

Je le surprends? Et il croit que je ne me surprends pas moi-même? Je viens de donner mon accord à un vampire pour qu’il boive mon sang! J’agis en imbécile curieux et j’en ai terriblement et parfaitement conscience. Pourquoi lui ai-je donné cette accord? Pourquoi est-il encore chez moi? Pourquoi je le laisse faire? Pourquoi je ne fais et dis rien pour me sortir de cette impasse? Je crois avoir perdu la raison…Ma logique a foutu le camp. Il n’y a aucune raison pour que je me laisse faire ainsi, il n’y a aucune raison qu’il soit encore là. En fait, la seule chose qui m’empêche d’avoir une réaction cohérente est justement ma cohérence, ma raison…Ma raison refuse l’idée qu’il est vraiment un vampire chez moi, qu’un vampire m’a parlé et m’a raconté tout ça. Il y a de cela 4 ans que j’ai commencé à croire en l’existence de ces créatures…Mais, pourtant, le peu de raison qui me reste refuse cette idée. Ma raison me croit fou, ma raison ne croit pas ce que mes yeux voient. Ma raison refuse que je réagisse à se que mes oreilles entendent, ce que mes yeux voient, se que je touche…Elle refuse la présence de Lestat. Pourtant, il est bien là, il a réellement but mon sang, il en boira réellement une seconde fois, il est réellement devant moi, c’est réellement un vampire. C’est une main réelle qui prend doucement la mienne…Qui me fait s’asseoir prêt de lui…Qui caresse mon visage…

"Je suis désolé, mes mains doivent vous paraître glacées… En abondance, le sang réchauffe ma peau, c'est le seul moyen… il faudra vous habituer à mes doigts froids, je le crains…"

Un frisson me parcours le corps. Ses mains sont glaciales. Je le regarde sans rien dire…Il embrasse mon front…C’est tellement froid…

Il me demande de fermer les yeux, de lui faire confiance…Mais, comment pourrais-je lui faire confiance? Et pourquoi? Comment pourrais-je faire confiance à un être de son espèce? Un vampire? Non, je ne lui fais pas confiance, ce serait complètement absurde…Mais, alors, pourquoi je ferme les yeux?

Je suis fortement étonné de sentir ses lèvres contre ma tempe et je lui fais comprendre par un léger cri de surprise…Je suis stupéfait, presque émerveillé, de me rendre compte à quel point ses lèvres ont la même froideur que ses doigts…Il continue à déposer des baisers sur mon visage…Ses lèvres sont si froides…Si froides et pourtant si douces…

Je me raidis en sentant ses lèvres sur mon cou…Attendant la seconde morsure que je lui ai moi-même permis. Lestat…Il me terrorise…J’ai beau le laisser faire ce qu’il veut de moi…J’ai terriblement peur de lui. Mais, rien…Il ne me mord pas et recommence ses baisers sur mon visage.
"Votre peau est si douce, Thomas… Elle réveille ma faim… Si douce…"

Ce n’est pas pour me rassurer mais je ne me préoccupe de son murmure que pendant 3 secondes…Il recommence à m’embrasser…Je ne comprends pas cette douceur, cette tendresse…Je ne comprends pas pourquoi il n’a pas encore but mon sang. Il pose ses lèvres contre les miennes et je sens sa langue qui essaie de se frayer un passage…Je laisse sa langue entré sans trop savoir pourquoi…Je réponds vaguement à son baiser.

Il mord ma lèvre inférieur. Je retiens un gémissement. J’ouvre mes yeux. Du sang coule dans ma bouche…Mon sang, le mien. Il ne voulait pas s’abreuver à ma gorge, c’est pour ça qu’il ne m’a pas mordu quand je mis attendais…Là, il me prend complètement par surprise. Je sens ce goût ferreux…Ce n’est pas très agréable. Ce goût ferreux typique du sang…Mais, lui, il le boit. Je gémis de douleur quand ses ongles déchirent une couche de ma peau…

Je ne comprends pas mes ressentiments…Je ressens de la peur, un peu de douleur, ce froid glacial…Mais, je ressens aussi cette tendresse, cette douceur, ce plaisir…Car oui, j’aime ce qu’il me fait…J’aime la douceur de ses caresses…J’aime cette contraste de ressentiments…Ça me plait…Ses baisers me plaisent…La seule chose que j’ai compris de ma recherche de compréhension, c’est que tout ça me plait. Il lèche mes plaies et le sang sur ses doigts puis recommence à déposer ses baisers sur mon torse…Je sens ses mains froides se balader sur mon corps…Je gémis. Je caresse son visage de mes mains tremblantes de tout ces émotions, autant de la terreur, de l’incompréhension que de cette tendresse, pour en connaître clairement la texture…Si froid, si dure, si lisse et si doux…Je passe ma main doucement dans ses cheveux…Je soupire.

Je vais devenir fou… Murmurais-je...

Je l'embrasse, je l'embrasse et je l'embrasse encore… Que j'aime le goût de sa peau ! Mes doigts parcourent inlassablement sa peau chaude alors que mes lèvres se referment sur l'un de ses tétons. Je le lèche, le mordilla sans le blesser, joue avec puis je remonte vers son cou, sa gorge… Je sens son cœur battre dans les veines de sa gorge mais je ne le mords pas. Je lèche, j'embrasse mais je ne mords pas. J'agis comme un amant mortel. Mes lèvres emprisonnent la peau de son cou puis celle de sa mâchoire, de ses pommettes, le lobe de son oreille…

J'ai entendu ses mots tout à l'heure. Je sais qu'ils m'étaient adressés et pourtant je n'y ai pas répondu… Le rendre fou… Fou d'accepter la présence d'un vampire ou fou de désir pour moi ? Je glisse l'une de mes jambes entre les siennes, effleure son entre-jambe pour savoir si j'ai un quelconque effet sur lui… Puis je murmure à son oreille:

"Ce n'est pas mon but, Thomas, je ne cherche pas à ce que vous perdiez la raison. Si vous craignez que cela arrive, dites le moi, faites moi sortir de votre vie… A la tombée de la nuit, je vais quitter cet appartement. Il ne dépend que de vous que j'y revienne un jour ou non…"

Je dois structurer mes paroles, être clair, parce que cela est de la plus grande importance. Je m'écarte un peu de lui. De toutes façons, même si je suis avide de sa peau, je ne lui ferais pas l'amour sur ce canapé… Je vais attendre qu'il en ait lui même trop envie pour résister à ses pulsions… Et s'il me permet de poursuivre nos échanges sanglants, cela ne tardera pas trop… Je passe mes mains une dernière fois sur son torse et me redresse pour le regarder un peu mieux. Il est toujours étendu sous moi, mais je suis à genoux au dessus de lui.

"Thomas, je vais partir quand il fera nuit. A vous de me dire si vous souhaitez que je disparaisse à jamais ou non. Si je pars définitivement, la prochaine fois que nos routes se croiserons, je vous tuerais sans hésitation, mais il est aussi possible que nous ne nous croisions plus jamais, que vous quittiez la ville ou que je reprenne mon exploration du monde. Si vous voulez que je reste dans votre vie, j'y resterais mais vous n'aurez aucun pouvoir sur moi. Je ne resterais plus jamais en plein jour, je repartirais immanquablement avant le lever du soleil et je vous rendrais visite quand cela me chantera. Il est possible que je vienne parfois tous les jours ou que je disparaisse pendant des semaines voir des mois… Je pourrais venir frapper à votre porte au crépuscule ou au milieu de la nuit. Parfois, même, je ne prendrais même pas la peine de m'annoncer… J'aime vivre comme ça, je l'ai toujours fait depuis 200 ans, partager aussi intensément la vie d'un mortel. Si vous le souhaitez je deviendrais votre ami ou votre amant comme vous le désirez. Je goûterais à votre sang et je vous montrerais tout ce qui fait de moi un être de la nuit. Je vous parlerais des Anges aussi si vous le souhaitez… Mais vous unir à moi de cette manière est comme un pacte, vous devez en avoir conscience, Thomas."

Je me relève et me dirige vers la bibliothèque pour reposer le livre. Je vais lui laisser la fin de la journée pour réfléchir. Je me tourne vers lui et souris, provocateur, comme si il ne s'était rien passé, comme si je n'avais pas prononcé ces mots:

"Votre café va refroidir… Au fait… Qu'étiez-vous en train de taper tout à l'heure ?"

Je lui ai interdit de retranscrire mon histoire… A-t-il respecté ma demande ?

Il continue ses baisers et ses caresses mais il ne mord pas, il ne griffe pas une seconde fois ma peau…Il ne boit plus mon sang, non…Il ne fait que m’embrasser…Et ça me plait, ça m’enivre. Pendant un instant, on pourrait presque penser qu’il n’est qu’un simple humain…Mais, non, c’est un vampire qui caresse mon torse, qui m’accorde ses baisers, qui place sa jambe entre les miennes…Qui frôle mon entre-jambe…C’est un vampire qui me plaît…Que je désire? Qui m’excite? Je n’arrive pas à y croire…Ça ne me ressemble tellement pas…Mon cœur semble être prêt à défoncer ma cage thoracique. Je l’entends maintenant murmurer à mon oreille.

Ça me rassure quand même de l’entendre dire que si je veux qu’il parte et ne revienne plus, je n’ai qu’à demander…Ça me rassure qu’il m’accorde un minimum de contrôle à la situation si, bien sûre, il est sincère dans ses paroles. Mais, je ne réponds rien…Qu’il reparte et ne revienne jamais? Je doute que ma santé mentale y survivrait davantage. On me prendrait pour plus fou que je ne le suis…Pour plus fou? Non, non, certainement pas…Jamais je n’irais raconter tout ça à qui que ce soit…Je ne raconterais pas ce que j’ai vu et entendu comme je l’ai si bien fait lors de ma courte rencontre avec la vampire…Je ne mentionnerais jamais à personne ma rencontre avec Lestat…Même pas à ma petite sœur Laura? Je lui ai pourtant toujours tout dis…Mais, non, je ne le ferais pas…Elle ne supporterait probablement pas d’autres affirmations d’illuminé…Je vais la laisser tranquille et ainsi respecter ma promesse à Lestat.

Il se redresse mais il est toujours au dessus de moi. Il m’explique la « situation », il m’explique ce qui adviendra de lui et de moi selon la décision qui semble mienne. La décision que moi je prendrais…Si je veux le revoir ou non. Dans tout les cas, il part cette nuit. Si je souhaite qu’il ne revienne plus…Il serait préférable pour moi de ne jamais, JAMAIS, le recroiser à moi d’être complètement suicidaire…Bien. Son discours commence de façon pénible. Si j’accepte sa présence, je n’aurais plus aucun contrôle sur cette histoire…Il viendra quand il voudra…Il pourrait venir plusieurs jours de suite…Comme il pourrait « m’ignorer » pendant plusieurs mois. Je ne suis toujours pas rassurer pour mon état mentale mais je tiens le coup…Venir chez moi sans avertir? Je me demande si mon cœur le supporterait…Il parle encore de boire mon sang…

Quand il me parle qu’il me dira tout ce que j’ai envie de savoir…Je vois enfin l’ultime bon côté à avoir ce vampire chez moi. Me parler de lui, des vampires, mais c’est se que je souhaite depuis le tout début…Je voulais qu’il me parle de lui dès la seconde où il m’a adressé la parole…J’ai voulu qu’il me parle de ces êtres de la nuits, de toutes ces choses, ces mystères dès le moment où il m’a annoncé qu’il était vampire…Je suis bouche-bée quand il me parle d’Anges…Des anges? Des vrais? Est-ce une plaisanterie? Une analogie? Parle-t-il réellement et sincèrement…D’anges? Des anges, des créatures de Dieu, beau et ailé?

-Des Anges? Répetais-je, interrogatif.

"Votre café va refroidir… Au fait… Qu'étiez-vous en train de taper tout à l'heure ?"

Je le regarde, surpris. Alors, il ne dormait vraiment pas…Il guettait le moindre son de la pièce ou peut-être n’arrivait-il tout simplement pas à dormir? Je ne sais pas trop…

Qu’est-ce que je tapais tout à l’heure? Un article…Quoi? Il ne me fait pas confiance? Il a crut que je retranscrivais ses paroles? Bien que l’idée de réveler officiellement au monde l’existence des vampires, de passer à l’histoire avec l’histoire la plus fantastique et réelle qui soit jamais écrite et tout ça même à l’idée que je n’y survivrais pas soit attirante…Je suis rendu assez terre-à-terre pour savoir que cette écriture ne me rapporterait rien du tout, qu’on ne me croirait pas, qu’on considérerait tous ça comme de la fiction…Le risque à prendre semble tellement plus important quand on est conscient de ce genre de chose…Non, jamais je ne trahirais la promesse que j’ai fais à Lestat. Ce serait absurde et j’ai bien de trop de sympathie et de peur envers lui pour faire une chose aussi idiote.

-Vous me croyez assez idiot pour avoir retranscrit votre histoire? On peut remettre l’état de ma santé mentale en doute mais pas à ce point.

Je marque une pause.Umm...J'avais presque l'air sur la déffensif, mais je ne mens pas quand je dis (quoi que très indirectement) que je n'ai pas retranscrit son histoire.

Ce n’est qu’un article de routine…