Around the world [pv gavrielle]

Autour du monde, il y a beaucoup de choses qui valent la peine d'être vues, entendues, senties, touchées, goûtées.

Autour du monde, il y a tout un éventail qui déploie ses couleurs pour régaler nos yeux, nous pauvres mortels. Il y a la fleur violette qui étire paresseusement ses pétales pour le soleil, mais principalement, il y a le Toulouse Football Club qui joue en violet, même si c'est une couleur de tapette. Il y a les ailes du super hallucinant Morpho bleu, la petite pilule bleue, et tout un paquet de panneaux signalisations de la même couleur. Il y a tout un paquet de trucs du règne animal qui se vêtissent de vert, et tout un autre tas en jaune. En orange, on compte plutôt un paquet de fruits et de fleurs, et dans le rouge, alors là, c'est pas toujours bon. Il y a le "stop", symbole routier ennuyeux et très prolifère. Mais surtout, il y a les yeux d'une femme, ses lèvres et le plongeant de son décolleté, sans compter le balancement de son cul quand elle marche.

Autour du monde, il y a une foule de rythmes à écouter, en passant par l'entrain relax du reggae, par la douceur mélancolique des voix de l'opéra et par le vomi dans le micro du hard metal. Il y a le chant des zozios, les jappements lointains et sourds des chiens, les cris des bébés, les bourdonnements de silence. Il y a aussi le bourdonnement des guêpes, mais pour le moment, vu la température, c'est plutôt le souffle du vent qui chante pour moi, tout comme j'aimerais entendre une femme gémir mon nom dans mon oreille.

Autour du monde, il y a des milliards de trucs à toucher, des milliards d'étoffes à tâter du bout des doigts. Il y a des trucs rugueux et moches comme l'écorce d'un arbre, le gluant sec d'un serpent… et il y a aussi des trucs sympas comme le frais des flocons de neige qui se posent sur mon visage et dans mon cou, la douceur de mes draps chauds et cotonneux, et la fermeté d'un sein jeune et rond dans le creux de ma main.

Autour du monde il y a des …

-Excusez-moi monsieur…

…milliards de trucs à sentir et à goûter. À égales valeurs, le sexe d'une femme avec son odeur forte et épicée, et son goût agréable et …

-Monsieur ?

Bordel de merde ! Qu'est-ce qu'on me veut ? J'ouvre les yeux, pince les lèvres autour de mon joint et laisse mon bras retomber le long de mon flanc. La femme qui se trouve devant moi vaut à peine la peine que je la regarde. Petits seins, des hanches à peine prononcées, un visage pâle et cerné, et un petit air terrorisé qui n'attirerait aucun mec saint d'esprit. Des yeux trop grands et – l'ai-je dit ? – de trop petits seins.

-Quoi ? je ronchonne, agacé de m'être fait couper mes délires planants aussi sèchement.

La dame semble impressionnée par mon air menaçant. Bon ok, je ne dois pas être très crédible avec les yeux aussi rouges et perdus dans le vide, mais la manière dont je sers les dents sur mon joint ne doit pas être des plus douces. Elle se tasse sur elle-même, tortille ses mains sur sa jupe, en dessous de la ligne de son manteau.

-Je… Je ne crois pas que… vous devriez grimper aux arbres ainsi.

Je hausse un sourcil. Je n'ai vu de panneau nulle part indiquant que les jeunes hommes ne pouvaient pas se percher sur une branche d'arbre. Bon d'accord, j'admets que j'en ai bien cassé trois ou quatre en montant pour trouver mon perchoir, mais ce n'est pas un crime. Agacé, le dos appuyé contre l'écorce nue du grand chêne dépouillé pour l'hiver, je grincerais des dents. Pour qui elle se prend cette petite dame ? Même pas assez mignonne pour me faire bander et pas assez brave pour me regarder dans les yeux mais assez effrontée pour me dire ce que je devrais faire ou ne pas faire.

-Et je… enfin, vous en faites… ce que vous voulez mais je… crois avoir vu un… un écriteau interdisant de… de fumer, voilà, conclut-elle, toujours tremblante.

Mais bordel de merde, qu'est-ce qu'elle croit ? Que je vais lui sauter dessus et la battre simplement parce que j'ai l'air d'un ado attardé ? Je pousse un profond soupire et écrase l'objet du délit contre la peau rêche de l'arbre avant de l'envoyer valser d'une pichenette sur le sol. Pas comme si je l'écoutais, je l'avais presque fini, je bougonne en sautant au bas de mon perchoir. Pas comme si je l'écoutais, je commençais seulement à me trouver mal ici. Ce n'était pas si confortable après tout.

-C'est mieux comme ça princesse ? je grogne.

Pr...Princesse ? … Oh mon dieu…Mon papa me nommait ainsi lorsqu’il était…encore…de ce monde. Je déglutis péniblement tout en mesurant l’espace qui m’éloigne de cet étrange inconnu aux yeux bouffis. Pourquoi sont-ils aussi rouges…? Ce n’est pas normal, aurait-il une maladie…s’aurait-il frotté férocement les paupières…Une maladie…c’est peut-être contagieux…Ça semble piquer…Ça doit être désagréable…Oh non…Il ne faut surtout pas que j’attrape cette vilaine chose. Je secoue vivement la tête. Non, parce que si je l’attrape…je risque d’être défigurée…Mon visage serait ravagé encore plus intensément, déjà qu’il n’est pas très beau … Risquant un coup d’œil inquiet en direction du malade, il me fixe avec un air…perdu…Comme s’il venait…Reculant de quelques pas, je dévisage, médusée, le morceau fumant qu’il vient de…jeter par terre.

Oh…Il ... est drogué ?

Doux Jésus…Un drogué ?! Un drogué ?? Une sonnette d’alarme retentit fortement dans mes oreilles. Je plaque mes mains sur ma bouche et scrute, tremblante, cette terrible menace. Celle-ci clignote des paupières, abruti. Un drogué…sous l’influence de la drogue…peut faire n’importe quoi ! Comme…Tirer mes cheveux avec une main, me plaquer contre l’un de ses arbres et déchirer mes vêtements…Mes yeux se révulsent de frayeur. Et me vi-vio-viol-vi-violer ! Ou bien, me torturer comme cet homme en noir ! Jamais ! M’enfuir…Courir…M’éloigner à toute vitesse. M’échapper de lui!

Mes jambes bloquent ! Elles refusent de bouger, figées par cette peur qui me tenaille les entrailles. Je me sens perdre toutes mes couleurs et devenir cireuse. Il fait un pas dans ma direction, les paupières plissées comme s’il essayait de réfléchir sur la façon de me mettre fougueusement… J’ouvre la bouche pour hurler, pour appeler à l’aide. J’ai cru remarqué des policiers se promener non loin d’ici, c’était pour l’une de ses raisons que j’ai décidé d’avertir ce violeur de drogué !!! Aucun son ne sort. Tétanisée, je m’aperçois qu’il redresse un bras et le tend vers moi.

Bouge...Gavrielle…Bouge…

Ses doigts se déplient et viennent frôler ma gorge.

BOUGE !

Il me tapote la joue.

-Ça pas l’air d’aller bien toi, t’veux p’t’être que je te file une clope…Ou ben un truc plus fort. J’en ai sur moi…mais faudrait payer …

Il me fait un clin d’œil en fouillant dans ses poches.

Je m’écroule sur le sol, haletante et terrorisée. Il compte me faire fumer l’un de ses machins pour faciliter sa tâche : abuser de mon corps. Pas me toucher…Pas me faire de mal … Je n’ai rien fait moi …Je voulais tout simplement le prévenir de ne pas…fumer dans cet arbre. C’est interdit …

Oh bordel le cas que je me prends. C'est quoi c'te nana ? Elle est dingue ? Elle a besoin d'un médecin ? Elle a oublié de prendre un médicament ? Non, décidément je ne crois pas que j'ai intérêt à lui refiler de la drogue. Qui sait dans quel genre d'état ça la mettrait ? Elle serait probablement capable de devenir une wonderwoman super agressive qui s'en prendrait à moi, me tirant les cheveux et me déchiquetant ma mighty tuque avec ses dents … bah, si elle avait le costume – et le corps – de wonder woman, j'aurais rien contre ce genre de scénario.

-Oh la grande ? T'es sûre que ça va ?

En fait, je crois même pas qu'elle aie le feeling que peut-être elle pourrait aller bien … ou bien elle est folle. Bah si elle est folle, pas mon problème. Moi je m'occupe de ce que contient mon sac, je m'occupe de vider mon sac, je m'occupe de le remplir … je vide mes bourses, je remplis ma bourse … etc. Voilà à quoi ressemble ma vie. Et bien sûr, ma vie ne tient pas compte des pichous comme cette fille. Même pas assez de seins pour faire fantasmer un gosse. Certainement pas assez pour que moi je lui porte attention. J'veux dire, une fois que tu t'es frotté aux pamplemousses, tu veux rien savoir d'une clémentine. Pas vrai ? Bah, je me comprends moi !

-Allez lève-toi, tu vas attirer l'attention sur nous, je fais en lui prenant le bras pour la soulever.

La petite se fait lourde, on dirait qu'elle ne veut absolument rien savoir de se relever et de se retrouver à ma hauteur. J'insiste un peu et elle finit par se tenir sur ses jambes avec l'aide de mon bras passé autour de sa taille, tremblante. Elle semble plus minuscule qu'elle ne l'est en réalité. J'ai l'impression de tenir un enfant qui vient de voir le pire monstre de toute sa vie… Et si le monstre dans ce cas, c'était moi ? … coooooool.

-Si tu veux j'te conduis quelque part pour que tu t'assois. C'est pas top de rester d'bout dans c't'état.

On dirait qu'elle s'est prise la pire brosse de sa vie tant elle semble molle. Mais en même temps elle est raide comme un piquet, c'est un marrant de contraste. Je la tire un peu avec moi, l'incitant à marcher vers un autre endroit du parc. Ici il n'y a pas de banc, que des arbres et des fleurs enterrées sous un maigre tapis de neige, si maigre qu'on dirait qu'il n'y en a pas.

On marche quelques minutes dans un presque silence presque parfait. C'est-à-dire que je babille à quelques reprises, parlant de la pluie et du beau temps, mais surtout relatant de vieux souvenir de partys orgiaques, de l'effet de certaines drogues dures ou douces. Je me prends même à lui conseiller le pot. Ça la détendrait probablement.

-Tiens, assieds-toi là, je dis en restant debout un moment.

Oh…Dieu merci. Un banc. Il m’a transportée et déposée ici sans me faire de mal, sans attenter à ma pénible vie. Il est peut-être gentil, tout compte fait. Non ! Il se drogue ! Il est dangereux ! Il est machiavélique. Terrifiée, j’essaie de redresse mon menton et de le dévisager, mais ses grands yeux idiots me paralysent instantanément, sa large bouche ouverte et son regard hagard ne me laissent présager rien de bon. Il est un fin manipulateur. Ayant dans l’idée de me tripoter, il tente d’apaiser ma méfiance et mon effroi. Il ne faut pas qu’il s’approche de moi.

-Je m’appelle Jam, dit-il en tapotant quelque chose dans ses poches.

Un pistolet ! Il va braquer un pistolet sur moi et m’ordonner de faire des choses contre ma volonté ! Peut-être va-t-il me demander de lui faire une danse sexuelle…Un hoquet de stupeur s’échappe de ma gorge. Il me regarde en fronçant les sourcils. Oh, il va vouloir…une…petite…sucette…La nausée. J’ai une forte nausée. Je veux m’éloigner, courir vite et disparaître. Retourner chez moi en quatrième vitesse. Je suis en danger. Où sont les policiers ? Non…Pas de policiers. Ils sont méchants et indifférents au sort des autres. Ils iront même à me solidifier sur le sol pour faciliter le passage à ce drogué. Je gémis.

-Ga…Gavrielle…

-Ah … T’veux pas du pot, Gavrielle ?

La chose qu’il palpait dans ses poches n’était, finalement, pas un revolver mais plutôt un sachet de poudre blanche. La drogue pour le viol !! Par chance qu’il n’y aucun breuvage à consommer dans les alentours. Peut-être va-t-il me faire avaler cette petite poudre par la force. Je me sens défaillir. Je suis sur le point d’être malade. Il faut vite que je me sauve de cet homme.

-Non…Merci…Je veux…rentrer…chez moi…

J’essaie de me lever mais, tremblante, je m’effondre sur le banc. Une fine couche de sueur commence à perler sur ma peau. Je constate que le type tend une main malfaisante vers moi. Il ne veut sans doute pas m’aider, mais plutôt me plaquer sur cette surface dure et abuser de ma faiblesse. Je m’écarte et, les larmes aux yeux, je me remets sur mes pieds. Faire un pas me demande un courage considérable et une énergie que je n’ai malheureusement pas. Comment vais-je faire pour me rendre jusqu’à mon appartement ? Je suis incapable de me tenir debout et les gens ne m’aideront pas…Ils sont là pour me nuire, au contraire.

-Attends un peu, annonce Jam.

Il veut m’arrêter. Il veut me tuer. Il veut me déchirer les entrailles. Je suis morte ! J’hurle au moment où sa main s’enroule autour de mon bras, mes jambes s’entrechoquent et ne me supportent plus, je tombe à la renverse sur…lui.

Wah la pauvre … J'aimerais pas être dans cet état, même avec de la dope. Sa tête brune sur mon épaule, je me demande pendant un moment ce que je devrais faire. Je me demande aussi si elle est toujours comme ça, et, totalement HS, je me demande aussi pourquoi mes chaussures sont bleues alors que ma couleur préférée est le vert… Et quant à se questionner, pourquoi pas bleu comme couleur préférée ? Ça irait pourtant bien avec mes souliers. Je devrais peut-être prévenir quelqu'un du genre, taper sur l'épaule d'un inconnu et de lui balancer la fille dans les bras avant qu'on me trouve avec un semi cadavre et que j'aie encore des problèmes avec les flics… Foutus flics. Je crois en avoir vus quelques-uns dans le parc d'ailleurs. S'il me voit avec ça dans les bras, à moitié molle et à moitié raide comme un gars bandé – la fille, pas ma bite hein ! – ils vont croire que je lui ai refilé un truc pas net et que j'avais aussi des intentions pas nettes envers elle. Non mais quand même ? Le King Jam a plus de goût quand il se prend une fille. Il veut pas n'importe quoi. Il veut des nichons, des mégas nichons bien ronds. Artificiels ou pas, rien à branler, tant que je peux me branler dessus.

-Hey ? je fais en lui enfonçant mon index dans la joue, la tenant presque à bout de bras par les épaules. T'es sûre que t'es ok ? Hey Gav …

Elle fait non de la tête, essaie de reculer. Ah la vache … Elle veut rien savoir hein ? Eh ben si elle le prend comme ça… Je la lâche l'espace d'une seconde, juste pour l'attraper autrement avant qu'elle ne touche le sol en couinant drôlement. J'ai toujours trouvé marrant que les femmes couinent. Je la ramasse dans mes bras ; elle est petite mais quand même lourde alors ça prend pas que deux secondes. Et puis, elle se fait lourde. Elle a pas l'air de vouloir être trainée.

-Chez toi ou chez moi ? je demande avec un grand sourire aux lèvres.

Elle me lance un regard terrifié, et ses yeux roulent dans ses orbites. Ben quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit encore ? Je la secoue un peu, lui demande ce qui se passe dans sa tête, si tout va bien, et si elle a suivi un traitement à base de morphine récemment. Elle dit que non, et me demande de la laisser tranquille, de ne pas la violer … Je reste perplexe.

-…

Je reste encore perplexe. Je m'imagine dans un de ces mangas débiles où le mec bave en essayant de faire un lien logique dans sa tête : lien qui n'arrive jamais au final…

-Pourquoi j'te violerais ? T'as même pas de boules à peloter …

Ses yeux s'agrandissent encore. Elle demande pourquoi j'ai parlé de chez elle ou de chez moi.

-Ben la grande, c'est évident ! je fais en levant les yeux au ciel. T'es pas bien, je vais pas te laisser mourir ici avec des gens cons qui se préoccuperaient même pas de toi. J'habite à quatre-cinq coins de rue. Si t'es plus proche je vais te raccompagner chez toi. Des plans pour qu'un débile décide d'abuser de ton corps de petite fille pas formée !

-Mon corps de petite fille par formée ?!

Mon ton s’accentue à chaque mot que je profère. Non mais c’est quoi ce dégénéré ? Je ne pouvais tout de même pas supporter ses insultes sur mes courbes sans rien faire pour me défendre ! Et puis, Gavrielle était trop terrorisée pour poursuivre cet entretient pitoyable; je devais apparaître avant qu’elle ne fasse une gaffe. Mon interlocuteur agrandit ses yeux d’abrutis. C’est avec prestance que je me redresse de toute mon échine pour lui faire face, on ne combat pas un adversaire en étant molle et recroquevillée sur soi-même comme Gavrielle. La pauvre, je secoue la tête avec exaspération. Elle croyait vraiment que ce marmiton pouvait lui être d’une menace quelconque alors qu’il doit avoir quelques difficultés à contrôler sa petite bite. Oh … tout ce qui a une bite est un danger pour Gavy…

-Je te signale qu’en dessous de ces dix couches de vêtement, j’ai plus de seins qu’une fillette !

Il papillonne un peu des paupières, mâche sa langue, incline la tête sur le côté droit comme s’il réfléchissait – avec misère – à ce que je viens de lui dire. Puis…une faible lumière semble s’éclairer dans sa tête de linotte et il me dévisage de la tête aux pieds, s’attardant sur mes hanches et ma poitrine ne pointant que très timidement.

-J’disais seulement…

-Oh…Je sais ce que tu disais …

Je fais un pas dans sa direction, me déhanchant langoureusement comme je suis si habituée de le faire en présence de mes clients. Je repousse avec élégance ma chevelure derrière ma tête avec l’aide d’une main tandis que l’autre se positionne sur ma hanche. Le jeune homme, les yeux bouffis, me fixe avec un air de incertain. Il croit que je suis folle, sans aucun doute. Il suffit de parler avec Gavrielle pour le comprendre. Peu m’importe ce qu’il pense de nous, je vais lui faire avaler ses viles paroles !

-Tu prétendais qu’aucun homme ne voudrait nous violer, abuser de notre petit corps…

Mes mains s’activent sur les boutons de ma première chemise que je rejette d’un côté avec négligence. J’humecte doucement mes lèvres avec ma langue voluptueuse, caressant mes courbes avec délicatesse. J’attire immédiatement son attention. La bouche ouverte, un filet de bave sur le menton, les yeux pétillants de désir, il me dévore du regard. Un corps nullement formé, hein ? Imbécile. Lentement, je me débarrasse d’un chandail à large col – Gavrielle ne sait vraiment pas comment se vêtir… - puis d’une autre chemise, d’une camisole et il ne me reste qu’un soutien-gorge rouge sang avec dentelles plus une paire de pantalons moulants mon joli postérieur. Tournant autour de l’homme, le frôlant du bout de mes doigts enchanteurs, je me presse parfois contre lui ou bien je me touche l’intimité afin de l’émoustiller davantage. Il bave. Il aime le spectacle. Il lève la main, la tend et l’aplatit gauchement sur mon sein droit qu’il pétrie maladroitement.

-Oh la…, je fais à le repoussant. Si tu veux un service mon chou, tu dois me payer…dans le cas contraire…j’ai peur de ne pouvoir t’offrir rien de plus.

Payer ? Service ? Il faut un moment à mes trois neurones pour comprendre de quoi elle parle. Cette fille … Il y a deux minutes elle couinait parce que je la terrorisais – ou un truc du genre – et maintenant, elle saute de mes bras et pointe sur moi son index menaçant, à demi nue, affirmant que si je veux un service, je dois payer ? Les filles sont folles, et elles le paraissent encore plus quand on est gelé comme une balle. J'émets un rire douteux, puis m'approche d'elle.

-Okay, c'est ben beau l'numéro d'théâtre, mais tu m'as pas répondu, ma p'tite. Chez toi ou chez moi ?

Elle fronce les sourcils, recule d'un pas, juste assez pour que son doigt reste enfoncé entre deux de mes côtes. Je cligne des yeux, étonné. Mais c'est quoi cette meuf ? Elle est là à me montrer ses pas-de-lolos et à les brandir comme s'il s'agissait de la huitième merveille du monde, pas-de-lolos qui, je tiens à le préciser, étaient couverts d'une vingtaine d'épaisseurs de tissus.

-Fais pas le malin, me dit-elle. Je sais que tu m'veux. T'es comme n'importe quel autre mec qui voit mon corps de déesse. Je sais ce que tu voulais lui faire à ce petit corps de femme faible : l'emmener chez toi et l'abuser. Eh bien dis-toi que tu n'es pas tombé sur la bonne personne …

Je recule, réellement abasourdi. J'avais aucune intention de la violer, je le jure, honneur de scout. J'ai déjà été scout ? Sais pas… Peu importe. Cette fille me donne la chair de poule. Un moment elle pleure presque, et l'autre, elle devient une espèce de dominatrice SM…

-… si t'as pas d'argent, poursuit-elle pour terminer une phrase que je n'ai pas suivie. Ça doit être ton cas. Drogué comme tu l'es, tu dois être aussi fauché qu'un gosse du tiers monde !

Hey oh ! Là elle vient de toucher une corde sensible … je crois. La drogue est une corde sensible ? Peut-être… Sais pas, peu importe. Je me redresse, bombant le torse, saisissant son poignet pour écarter sa main de ma personne. J'attrape la veste qui git sur le sol, lui en couvre les épaules. Il y a des policiers dans le coin, il faudrait quand même pas qu'ils nous arrêtent ou, les connaissant, qu'ils m'arrêtent seulement moi. En plus, on se les gèle ici, et ça se voit : ses mamelons sont presque plus gros que ses seins tant ils sont gelés. Je fourre une main dans ma poche, en tire une liasse de billets. La fille écarquille les yeux, visiblement étonnée.

-Un gosse du tiers monde ? je fais en agitant les billets près de mon visage, comme un éventail. J'en ai d'autre comme ça, ma petite. Mais tes services m'intéressent pas. Rien à branler sur tes petits seins.

Je range l'argent dans ma poche, amusé. J'ai remarqué que ses yeux suivaient l'argent avec zèle, comme attendant qu'il se pose dans sa main.

-T'es une meuf bizarre, je fais. Tu f'rais mieux de t'trouver d'autres clients. En tout cas, t'As plus trop l'air d'avoir besoin de mon aide pour rentrer chez toi.

Je repense à la douleur sur mes côtes. Elle a l'index musclé, je songe.