Apprentissage ? [PV Alexander]

>> Notre Dame

Par quoi commencer ?

"Nous ne sommes pas comme le pensent les mortels, vous le savez peut être déjà. Le soleil ne nous tue pas, il se contente de nous aveugler, mais certains d'entre nous ne se privent pas de sortir pour autant. Les croix, vous l'avez remarqué ne nous blessent pas. Prenez ça comme une preuve de la faiblesse de ce Dieu que prient les hommes si vous le voulez ou de notre supériorité par rapport à lui... Peu importe. L'ail ne fait rien non plus... Rien ne peut nous atteindre... S'il ne touche pas notre tête. C'est notre unique point faible. Si le cerveau est touché, il n'est pas certain que nous réchappions. Si nous sommes décapité, c'est terminé.

J'avance lentement sur le rebord du quai, comme si je parlais à la nuit, mais je sais qu'il m'écoute.

"Les Anges… Je ne sais pas grand chose d'eux si ce n'est qu'ils sont félons et traîtres. Ils ont attaqué la communauté de Vampires à laquelle j'appartenais et les ont tous décimés. J'ignore comment ils ont fait, je n'étais pas à Rome à ce moment. Quoi qu'il en soit, ils sont traîtres. Mon créateur et amant est mort par leur main. Je ne serais donc pas objectif à leur sujet, mais je doute que vous trouviez un Vampire qui le soit. Quoi qu'il en soit, ils sont apparus après nous, c'est certain. Ils ne sont pas miséricordieux et bons comme le croient les hommes. Ce sont des manipulateurs qui aiment être adulés. Leurs pouvoirs sont grands, il faut nous en méfier. Ils ont tué notre précédente reine et gardent sa tête comme un trophée sinistre. C'est abjecte quand on sait l'importance de la tête chez les Vampires."

Je me tais un instant, laissant le silence nous envahir. Je sais que je donne beaucoup d'informations d'un coup, mais cela me semble important. Nous passons à côté d'un mendiant qui tend la main vers nous en suppliant. L'idée me vient qu'il va falloir, peut être, que j'apprenne à Alexander à chasser… Je soupire alors que nous franchissons l'un des multiples ponts de Paris puis je reprends:

"Notre Reine, Ida de Barancy, est l'une des enfants de celle dont nous cherchons à récupérer la tête. Elle est assez froide et distante, mais elle est digne de sa place de Reine. J'ai eu la chance de pouvoir la rencontrer. Elle est d'une très grande beauté."

Je revois encore la manière dont je l'ai rencontrée, au détour d'un couloir des catacombes alors que j'étais totalement perdu… Je souris pour moi même. Je dois lui transmettre les lois Vampiriques… C'est nécessaire…

"Il y a peu de loi qui régissent notre race, mais il y en a tout de même. Elles sont toutes d'égale importance et je vais vous les transmettre car il est nécessaire que vous les connaissiez bien que je pense qu'elles vous sembleront évidente. Nous ne devons pas familiariser avec l'ennemi… Par ennemi, j'entends les Anges, Alexander. Ces êtres doivent être éliminés. Il ne faut pas nuire à l'un des nôtres et encore moins attenter à sa vie. Faire cela serait de la traîtrise et passible de mort."

Je me tais une seconde. Les dernières lois vont me faire aborder le sujet de l'alimentation… Je m'arrête pour lui faire face:

"Bien que nous nous nourrissons de chair humaine, il est inimaginable de manger un être qui n'a pas été tué par nous. Nous n'allons pas forcer des sépultures ou nous servir à la morgue, nous ne sommes pas des charognards mais des êtres nobles."

Mon regard se fait profond, presque féroce alors que je parle, tellement je suis convaincu par mes paroles. Je m'adoucit et conclue:

"Et, enfin, nous ne devons jamais laisser la moindre trace derrière nous. Le corps doit disparaître."

Je laisse le silence reprendre sa place et j'attends qu'il réagisse.

Un ange et un vampire ? Quelle idée saugrenue... J'en sourirais presque si ce n'était pas si... écœurant. Je le regarde un instant et je me rends compte qu'il est sérieux. C'est un jeune, il ne sait pas ce qu'implique une telle phrase. Mais j'ai parfaitement conscience qu'une grande partie de mes idées et de ma conception de ce monde vient de l'éducation que m'a apportée Antonio… Une sorte de lavage de cerveau diraient certains. Mais je crois dur comme fer que les Anges subissent le même. Je dis alors avec douceur:

"Si un Ange et un Vampire ont tentés par le passé de s'unir, ils ont dû être massacrés par leurs pères et laissés dans l'oubli. Il est encore plus inimaginable de voir une Ange et un Vampire entretenir une amitié que de voir un Homme et un Hybride s'aimer… Non, vraiment, nos deux races existent pour se détruire… Et elles le font à merveille. Pour nous tuer il "suffit" d'atteindre notre tête. Les Anges ont certainement autant de pouvoirs que nous, même si ce ne sont pas les mêmes pouvoir, il leur est donc parfois trop aisé de nous nuire…"

Une question passe dans mon esprit alors que je revois, encore, notre repère vide de toute âme. Où est le corps d'Antonio ? Où est le corps de l'homme que j'aimais ? Les Anges n'ont rien laissé des Vampires de Rome. Juste des couloirs vides. Même pas de sang, rien, aucune trace, aucun corps… Et pourtant, il ne fait aucun doute que c'est leur œuvre. Les Vampires n'auraient pas déserté Rome d'eux même, ils auraient donné des nouvelles… Non, ils ont bien été éliminés… Par ces êtres abjectes. Comme souvent, j'imagine le corps mutilé de mon amant. Je sens une larme perler au bord de mes yeux. Ne me remettrais-je donc jamais de cela ? Je détourne la tête et continue, dans un murmure:

"Ils utilisent des méthodes félonnes pour nous attaquer. S'en prenant à nous par derrière au cœur du jour, arrivant en grand nombre dans nos caches avant de retourner dans leurs cités secrètes après avoir accompli leurs forfaits. Ils ont ainsi détruit nombres de nos frères et réduit des communautés à néant."

Je me tais. Parler plus de l'éradication des Vampires romains ne peut m'être bénéfique. Antonio me manque tellement… Un léger soupire m'échappe alors que mon regard se perd dans les reflets de la lune sur la rivière. Je marche sans vraiment y penser. J'en oublie presque sa présence… Jusqu'à ce qu'il me pose une question encore plus surprenant. Je me fige et l'observe un instant. Puis, laissant mon incrédulité s'exprimer, je demande doucement:

"Etes vous réellement un Vampire, Alexander ? Je veux dire… Votre transformation est-elle terminée ? Non… ça me semble impossible… Continuez-vous à vous nourrire comme un mortel ? Survivre plusieurs mois avec, uniquement, le sang d'un homme… A moins que vous ne vous soyez abreuvé du nectar de votre créateur, mais c'est vraiment… étrange. Vous n'avez fait que boire et vous avez tenu plusieurs mois ?"

Je secoue doucement la tête. Il n'a pas finit sa mutation. Son corps est encore partiellement mortel. Il ne peut en être autrement… Et ce que je vais lui dire ne va certainement pas lui plaire. Je le regarde droit dans les yeux pour qu'il comprenne que je ne plaisante pas et que ce n'est que la cruelle réalité que je lui expose:

"Alexander, nous nous nourrissons de la chair humaine. Je vais vous répéter les mots de mon créateur: Boire, c'est boire. Manger, c'est manger. Je ne vois que deux possibilité au fait que vous n'ayez encore jamais mangé une victime. Soit vous n'êtes pas encore totalement Vampire et je dois avouer que j'ignore comment c'est possible. Soit… soit vous ne vous en souvenez plus. Votre esprit a effacé ces moments pour préserver votre équilibre mental…"

Mon visage reflète le plus grand sérieux, je le sonde comme je peux, mais je sais que je n'ai pas le pouvoir de le faire réellement. Pauvre garçon. Abandonné le jour même de sa naissance au monde de la nuit. Mais ma question reste entière: est-il vraiment l'un des nôtres ? Il en a l'odeur, mais est-ce suffisant pour affirmer qu'il est pleinement Vampire ? On dit que seul les plus fort survivent à la transformation. Cela veut-il dire qu'il est condamné ? Il n'aurait pas terminé sa transformation et serait en train de se décomposer comme un cadavre éveillé ? Je l'ignore mais j'espère pour lui que ce n'est pas le cas…

Légèrement désorienté, je me rappelle enfin que je n'étais jamais allé dans cette partie de Paris. Depuis ma transformation, il faut avouer qu'il me semble deja assez dur de me souvenir de ma vie antérieure. je ne comprends que trop tard le point auquel mes questions peuvent sembler gênantes, cependant il me faudra bien apprendre un jour ce que j'aurais deja du savoir. Andrea me semble quelque part plus touché qu'il ne veut le laisser paraitre, et je garde ceci dans un coin de ma tête alors que mes sourcils se haussent légèrement. "trop aisé de nous nuire"... Je commence a me demander si ce vampire devant moi cherche a me faire peur ou a m'instiller une haine que je ne comprendrais pas. Pas encore. je cherche dans son regard la réponse a mes interrogations, mais rien ne semble le décider a croiser mon regard. Je baisse lentement les yeux quand a sa question. je sais parfaitement ce que j'ai fait, inutile de mettre ma parole en doute. C'est avec une voix légèrement tremblante que je reprend la parole, me rappelant par la même occasion de la faiblesse qui me prends, bientot je devrais recommencer.

"... Je... je suis assez choqué et dégouté de moi même d'avoir fait ce que j'ai fait pour m'en souvenir parfaitement. Je n'ai pas fait que tenir, ca m'a simplement suffit... Mais ca fait une semaine que je ressent le besoin d'en avoir d'autre. Vous n'avez pas répondu a ma question, Andrea. Si on ne les mange pas, que peut-on en faire?"

A ses dernières paroles, je comprends enfin le degré d'anormalité qui me caracterise. Mais je comprends aussi le point auquel les vampires sont loin de ce que l'oppinion publique s'en fait. Si au début en être devenu un me semblait supportable, être ce que j'étais me paraissait enfin comme vivable. j'étais plus humain que les autres, et je le reste aujourd'hui. peut être a cause de ce manque d'éducation, une lueur d'amusement passe dans mon regard. je comprends enfin ce que pouvait entrainer cet abandon. une seconde vie engendrée par un démon, qui ne me forcerait pas forcément a en devenir un. je saisis maintenant que je pourrais peut être remercier ce monstre qui m'a abandonné. je souris, me rappelant ainsi le point auquel je suis fou. Mais un fou souriant, et de par le fait presque heureux.

"... Je ne sais pas si je suis entièrement un vampire, ce que je sais... C'est que je suis certainement plus humain que vous. mais peu importe de toute façon, non? Je survis avec simplement du sang, je dirais même que c'est deja beaucoup. Ou est le problème? De toute façon je ne pense pas que même si j'en avais besoin, je mangerais de la chair humaine. Que ce soit pour mon equilibre moral, comme vous dites, ou simplement du respect a l'égard de ceux que je n'aurais pas tués. Ils ont le droit de voir leurs proches en les enterrant."

[gnaha, j'ai réussi! XD]